Stereolab
Cobra and Phases Group Play Voltage In The Miliky Night
Stereolab est au mélomane ce que l'héroïne est au drogué. Une fois accroché, on ne peut plus s'en passer. Chaque lancement du prolifique groupe (six albums en huit ans et d'innombrables mini-albums, collections et productions limitées) est attendu avec engouement par les nombreux fans et toujours ils en veulent plus. La musique est tellement originale qu'elle est au-delà de toute déception; une mauvaise pièce de Stereolab demeure tout de même une bonne pièce, ne serait-ce que par son originalité. Ses mélodies harmonieuses, parfois dissonantes mais toujours minimalistes, vous transportent ailleurs le moment d'une chanson : là où vous pouvez donner libre cours à vos pensées. Une soudaine inspiration, une vision nostalgique, un bonheur éphémère, un amalgame de sensations surgissent en vous. Une fois le voyage terminé, vous êtes perdus, mais peu importe, vous vous sentez bien. Le retour sur Terre n'a rien d'inquiétant. Bienvenus au paradis artificiel de Stereolab.
Provenant de la même lignée que des groupes comme Lush ou My Bloody Valentine, Stereolab réussit à se dissocier du genre pour concocter sa propre sonorité et le résultat le rendra unique dans le monde musical. "Cobra and Phases..." poursuit dans la même direction que le groupe avait prise avec "Dots and Loops" (titre inspiré d'un court métrage d'animation de Norman McLaren) malgré une baisse significative des sons électroniques qui laissent la place aux guitares. Ici, le groupe ajoute à son recueil d'instruments le xylophone, la scie musicale et même la guimbarde. De plus, les cuivres sont utilisés beaucoup plus souvent (et beaucoup plus traditionnellement) qu'auparavant.
Avec ce sixième album, le groupe nous offre une écoute plus difficile qu'à l'habitude; les harmonies vocales de Leatitia Sadier et Mary Hansen sont moins variées, les dissonances musicales plus présentes et le tout est nettement plus minimaliste (écoutez "Blue Milk"). La première participation à la production de l’album du maître expérimentateur de Chicago Jim O'Rourke est évidente (vous pouvez vous imaginer l'homme derrière Yona-Kit mêlé à Stereolab?). John McEntire - le génie derrière Tortoise - est présent encore cette fois et, comme Jim O'Rourke, collabore sur quelques pièces. Le côté pop du groupe demeure présent mais semble ici avoir laissé plus d'espace aux expérimentations. Lourd à avaler pour les non-initiés, l'album reste néanmoins indéniablement original et les accrochés en seront certainement ravis (on nous offre même un court retour en arrière au Stereolab de "Emperor Tomato Ketchup" avec la pièce "Come and Play in the Milky Night"). Pour les fanatiques, sachez que "Cobra and Phases" fut lancé sur CD double en Allemagne avec trois chansons additionnelles, mais rassurez-vous, il est fort probable que ces chansons soient présentes sur le prochain "Switched on..."
Mathieu Duval
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