Avec : Valeria Bruni-Tedeschi, Stéphane Freiss, Géraldine Pailhas, Françoise Fabian Scénario : Emmanuèle Bernheim François Ozon Durée : 1:30 Pays : France Année : 2004 Site Officiel: 5 x 2

Maintenant que François Ozon est, pour beaucoup, considéré comme la valeur sûre du cinéma français, il l'est tout a à fait normal que chacun de ses films soit attendu avec impatience. Le metteur en scène est productif, c'est le moins que l'on puisse dire. Depuis 2000 il a déjà réalisé quatre long-métrages (Sous le sable, 8 Femmes, Swimming Pool et 5 x 2). Mieux encore : il a déjà achevé son prochain film Le Temps qui reste. Non seulement ce réalisateur signe des films de qualité (voire même grandiose comme Sous le sable) mais il parvient à tenir une cadence absolument étonnante, enchaînant tournage sur tournage. L'inspiration ne lui manque pas.

Mais combien de temps cela va-t-il encore durer ? La réponse arrive avec 5 x 2 car le metteur en scène français signe là un mauvais film. François Ozon est bon et ce qui lui serait arriver de mieux c'est qu'il n'en prenne pas conscience. Mais son nouveau long-métrage ne fait que confirmer le sentiment inverse. Pour autant le film n'emprunte pas ce chemin, du moins on ne peut le deviner du fait que le film soit raconté à l'envers et que les effets sur le spectateur seront nécessairement rétroactifs une fois qu'il aura en mains toutes les pièces du puzzle. Le film raconte une histoire d'amour entre un homme et une femme, à rebours, du divorce à la rencontre. La première scène est donc celle du divorce, puis la suivante, assez étrange, nous montre le mari (Stéphane Freiss) et la femme (Valéria Bruni-Tedeschi) coucher ensemble, après la prononciation de leur divorce, juste pour faire une dernière fois l'amour avant de se quitter sûrement. Scène forte, dure, sobre, sans afféterie. Il s'agit là du premier moment de la vie de couple qu'a décidé de nous faire suivre Ozon. Suivront donc quatre autres moments qui bien évidemment précéderont celui-ci en raison de la narration. Mais si Ozon avait voulu pointer du doigt des signes de lassitude, d'inadaptation dans le couple, il n'aurait pas fallu qu'il resserre l'action de son récit sur quelques moments car s'il y a épuisement de la flamme entre deux amoureux cela ne se fait pas sur une simple remarque mais plutôt sur l'accumulation de faits, sur la durée. Il est évident que le couple ne s'est pas séparé sur les quelques petits instants de vie qu'Ozon nous a montrés mais qu'il y a certainement d'autres scènes de la vie conjugale (pour reprendre le titre d'un vrai film sur la crise du couple) dans lesquelles l'agacement d'un des deux a du se faire sentir de manière bien plus probante. D'ailleurs on peut voir que le temps est un élément nécessaire à l'élaboration d'une telle entreprise puisque même Ingmar Bergman a donné suite à ses Scènes de la vie conjugale en réalisant pour la télévision Sarabande. L'amour n'est pas une affaire si simple.

Que reste-t-il du film alors ? Pas grand chose. Ozon semble plutôt s'amuser dans ce film. Il se plait à salir les milieux sociaux plutôt élevés (les conjoints travaillent tous deux dans la pub et leur appartement est plutôt cossu) en nous montrant ces gens qui avouent sans complexe qu'ils ont eu des expériences homosexuelles en présence de leur compagne qui regardait sans rien dire, puis que l'autre a trompé son mari mais qui ne le sait pas, etc. Bref François Ozon nous envoie ça à la figure comme s'il pensait faire une découverte. 5 x 2 reste constamment dans l'anecdotique, en nous présentant des scènes d'une banalité affligeante dans une narration alambiquée qui ne sert en rien le film (si ce n'est pour ne pas préjuger des intentions du réalisateur). Le nouveau film d'Ozon est un joyeux bordel. Au propre comme au figuré.

  Julien Dufour

     Swimming Pool