Avec : Billy Bob Thornton, Bernie Mac, Lauren Graham, Tony Cox Scénario : Joel Coen Ethan Coen Titre Original : Bad Santa Durée : 1:35 Pays : USA Année : 2003

Le Père Noël est un alcoolo. Terry Zwigoff avait fait sensation au Festival du film américain de Deauville avec Ghost World, portrait doux amer de deux adolescentes paumées dans un pays saturé de centres commerciaux et de fast-foods, révélant de jeunes talents comme Scarlet Johansson et Thora Birch. Avec son nouveau long métrage, il ne se déprend pas de son ton quelque peu subversif, mais ne parvient pas à dépasser la comédie cynique, malgré une interprétation jouissive de Billy Bob Thorton en Père Noël trash.

Chaque année, Willie enfile son costume de Père Noël pour animer un centre commercial, différent à chaque fois. Avec son acolyte Marcus, nain déguisé en elfe, il attend patiemment la fermeture du 24 décembre pour cambrioler le grand magasin où il travaille. Problème : Willie est alcoolique, et malgré ses dons de perceur de coffres, il parvient de moins en moins à tenir son rôle. A Phoenix, la préparation du casse se complique lorsque plusieurs personnages entrent dans la vie des deux escrocs, dont une serveuse aimante et un enfant prêt à croire que Willie est le vrai Père Noël.

Rien de nouveau dans Bad Santa. Willie n'est pas le premier Père Noël pathétique. Mais ce film tire sa force de ce personnage complètement odieux, parce que détruit par une vie sans lendemain. A travers toutes ses frasques, Terry Zwigoff s'adonne au politiquement incorrect avec une joie sarcastique, à l'image de son anti-héros. Censé offrir du rêve, il se montre tour à tour alcoolo, libidineux, irrévérencieux et sale, allant jusqu'à s'oublier en public et se pisser dessus avant de s'effondrer devant les enfants, imbibé de whisky. Antipathique à souhait, il n'en demeure pas moins attachant, puisque qu'on devine assez aisément que derrière le déguisement bat un cœur généreux, qui s'exprimera au contact d'un enfant brimé, rappel de sa propre condition d'exclus du système.

Si on retrouve des thèmes et un regard qui firent le succès de Ghost World, c'est-à-dire de l'insolence mêlée à de la tendresse, une vision ironique du monde, le désir de Zwigoff de toucher un plus large public affadit son propos qui se noie trop vite dans des scènes de pure comédie. Les répliques font mouche, les situations frisent parfois l'hystérie, mais l'ensemble reste finalement bien sage et aucune scène d'anthologie ne restera dans les annales des contes de Noël malmenés. Pas encore assez iconoclaste pour renvoyer le vieux barbu en Laponie.

  Moland Fengkov