Avec : Béatrice Dalle, Romain Duris, Jeanne Balibar
Durée : 1:45
Pays : France
Année : 2002
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…ou dix-sept façons d'appréhender la reconstruction d'une femme (Béatrice Dalle) après la perte de son époux dans un accident de voiture. Le premier film de Christophe Honoré (concourant pour la Caméra d'Or) était très attendu. C'est en partie lié à la personnalité de ce jeune auteur surdoué, écrivain et scénariste, passionné de musique rock.
Raconter ce film est proprement impossible, tant il est sensoriel, étrange, envoûtant. Béatrice Dalle y excelle, Romain Duris convainc par sa sobriété et sa justesse. L'œuvre d'Honoré est hantée par les fantômes. Les vivants les côtoient et se doivent de s'en défaire pour assurer leur salut. Dans le cas inverse, cette cohabitation entre le matériel et l'immatériel, l'incarné et le désincarné, précipite leur perte.
Cécile Cassard s'en sort in extremis. C'est une survivante, à bien des égards. Incapable de surmonter sa tragédie intime, elle n'assume plus son rôle de mère. Elle confie donc son petit garçon à une amie (Jeanne Balibar). Puis, elle prend la route, avec l'intention de mourir. Mais, au terme de ce singulier voyage, elle renaît. Les eaux noires dans lesquelles elle s'abîme, au début du film ne voient pas sa perte mais sa renaissance.
Le film fonctionne à de nombreux niveaux symboliques, soutenu par une image extrêmement stylisée. Baignant dans une lumière et une ambiance irréelles, le film se referme sur son mystère. C'est un voyage mental, tout à la fois mortifère et sensuel. La bande son achève d'électriser le spectateur (Sonic Youth, Diabologum…). La musique n'étant pas utilisée de manière ostentatoire, elle contribue à créer des atmosphères tout en intériorité et opacité. Il y a de la métaphysique dans le cinéma de Christophe Honoré qui réussit là un premier film prometteur.