Avec son budget colossal, son contexte historique et sa distribution hollywoodienne, on aurait pu espérer qu'Enemy At The Gate soit une réponse européenne et authentique aux films de guerre ultra-patriotiques américains dans la veine de Saving Private Ryan. Loin de là, le film de Jean-Jacques Annaud ressemble plutôt à un fantasme égocentrique dont la réalisation est à peine ébauchée.
Enemy At The Gate conte le duel de deux tireurs d'élite russe et allemand (Jude Law et Ed Harris) durant la bataille de Stalingrad entre les russes et les allemands.
Annaud qui s'est dernièrement spécialisé dans des méga-productions aux parfums d'épiques semble vainement lancé à la poursuite d'un blockbuster (gros succès au box office américain). Le réalisateur plus à l'aise dans des films intimistes comme Le Nom De La Rose, manque de souffle, le souffle nécessaire à un film épique de cette envergure. Pour la petite histoire, c'était à la base un projet de Sergio Leone ce qui explique les thèmes très western spaghetti, et les allusions du cinéaste français au genre. Malgré ses explosions et décors grandioses, le film est d'une platitude choquante. La réalisation d'Annaud ne réussit jamais à transmettre l'émotion et la rage d'un combat aussi féroce, donnant l'impression que sa caméra tire à blanc. Hormis pour la scène d'ouverture, l'action est inactive.
Le film a aussi l'ambition d'être une satire des services de propagande de l'armée, une histoire d'amour et un drame. Mais ces histoires secondaires sont si peu ébauchées que l'on ne s'y accroche jamais.
Il ne faut pas non plus compter sur les acteurs pour rendre le film crédible. Aucun d'entre eux ne fait l'effort de prendre l'accent local ce qui donne l'impression de se trouver au milieu d'un spectacle où des américains joueraient à la seconde guerre mondiale. Alors que Jude Law reste en retrait, Joseph Fiennes (l'officier de propagande russe) a la finesse d'un panzer tandis qu' Ed Harris n'en fait pas assez pour nous faire croire à son personnage sinistre d'officier allemand.
Si Stalingrad marqua la débâcle de l'armée allemande, Enemy At The Gate marque celle de Jean-Jacques Annaud.