The Astronaut's Wife réssucite un vieux genre, le cinéma paranoïaque qui fit les beaux jours du début des années 80, quand le communisme était toujours une menace pour le monde libre. Même si le réalisateur dépoussière le genre avec un visuel stylisé et une une solide interprétation, il n'évite pourtant pas les habituels clichés.

Ceux familiers avec de vieux classiques comme The Invasion of Body Snatchers (Invasion des Profanateurs), n'auront aucune surprise tant au niveau de l'histoire que des rebondissements. Johnny Depp interprète ici un astronaute qui revient sur terre et a peût-être fait une rencontre extra-terrestre, ce que sa femme, Charlize Theron, suspècte. Ce film psychologique se concentre sur la femme de l'astronaute et sa paranoïa croissante envers son mari. Pourtant la question centrale du fil "Est-il un extra-terrestre?" est rapidement éventée sans aucun suspens, amenant le spectateur a ne plus s'intéresser qu'à la performance d'acteur de Theron.

Les points forts de The Astronaut's Wife sont sans aucun doute Charlize Theron ainsi que l'atmosphère paranoïaque. Est-ce par hasard ou non, mais tout comme dans L'Avocat du Diable, ce film apparait comme un véhicule de démonstration des talents de Theron. Tout comme dans L'Avocat du Diable, un jeune couple déménage à New York (aprés une fête d'adieu), où le mari travaillera pour une entreprise peût être malveillante. Tout comme dans L'Avocat du Diable, la femme devient le personnage pivot, sujette à des forces malveillantes, et se retrouve prise entre paranoïa et folie. Comme dans L'Avocat du Diable, Charlize Theron éclipse son partenaire avec son jeu (même si ce ne fut pas si dur face à Keanu Reeves qui se retrouva un inopiné second rôle, Theron transformant son rôle de faire-valoir en personnage principal). Pourtant, au contraire de L'Avocat du Diable dans The Astronaut's Wife, son personnage devient de plus en plus fort; tandis que le film lui, s'amenuise. La cinématographie est un autre atout du film. Les cadrages artistiques s'accordent avec l'architecture des bâtiments. Les décors et l'image sont d'une beauté riche et froide, et sont un reflet du couple d'acteurs. Ils vivent dans un univers uniforme de beauté, qui n'est pas sans rappeler Gattaca, dont l'influence est clairement perçue. L'utilisation d'effets de caméra renforce le sens de paranoïa et communique avec succés ce que le personnage ressent. Tout à l'honneur du réalisateur, les effets spéciaux ont été limités aux sensations de Theron au lieu d'opter pour d'affeux petits hommes verts avec leurs lasers.

The Astronaut's Wife n'évite aucun cliché, du genre, anihilant ainsi tout espoir de suspens. Il recycle l'Invasion of the Body Snatchers (déjà adapté par Philip Kaufman et Abel Ferrara), Invasion Los Angeles, The Thing, The Blob entre autres, sans oublier Rosemary's Baby (bébé démoniaque et coupe de cheveux). Rien de ce que vous verrez ici n'a pas déjà été vu ailleurs. De plus, le film s'essoufle assez rapidement, dès que vous apprenez la vérité sur l'astronaute. Il en devient trop long, malgré sa durée de 110mn inférieure au standard 2h, soulignant d'autant plus les carences d'écriture du scénario. Le film aurait sans aucun doute gagné à jouer la carte de l'ambiguité à propos du mari, ce qui aurait soutenu le suspens jusqu'à la fin. Aussi, Depp ne fait que trés peu d'efforts, ormis pour son accent sudiste. Il se cantonne au même ton monotone tout au long du film, ce qui rend son personnage dichotomyque moins crédible. Il s'ennuie probablement et ne croie guère en ce film alimentaire éloigné de ses choix habituels, mais qui devrait lui permettre de continuer dans ses choix plus artistiques. Enfin, ce type de film était le plus efficace à l'époque de la guerre froide, quand l'invasion extra-terrestre était une métaphore sur la peur de la Russie communiste. Dans ces jours plus pacifiques, cette paranoïa a considérablement moins de prise sur les spectateurs (ormis pour les petits Mulder en puissance).

Malgré un bon numéro d'acteur et un réalisateur doué, The Astronaut's Wife passe à côté d'opportunités à cause d'un scénario à clichés, bâclé et sans suspens.

  Fred Thom