Filles perdues, cheveux gras
Réalisé par Claude Duty
Avec : Amira Casar, Marina Foïs, Olivia Bonamy, Charles Berling
Durée : 1:36
Pays : France
Année : 2002
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Une énième galerie de portraits de jeunes filles paumées, dans ce premier long métrage de Claude Duty, formé à l'école de la pub et du court métrage. Sans prétention, flirtant avec les genres, cette comédie apporte une bise de légèreté sur la Croisette. Trop légère pour laisser une trace, mais suffisamment enthousiaste pour accorder un moment de détente.
Il plane comme un air de Klapisch dans le premier long métrage de Claude Duty. Chacun y cherche son chat, sa part de bonheur. Natacha, l'un des personnages principaux, cherche effectivement le sien, et la vieille dame du film de Klapisch y fait une courte apparition. Filles perdues, cheveux gras est une comédie portée par ses actrices et des dialogues où derrière chaque réplique se tapit un stimulus des zygomatiques. « Quand t'as de la peine, pense aux Kurdes, aux Tchétchènes (…) Quand je me trouve grosse, je pense à Demis Roussos », chante Natacha, échappée de la troupe des Robin des bois.
A la limite du vulgaire, à la limite des genres. Duty puise son inspiration un peu partout. Les trois héroïnes interprètent leur chanson emblématique, mais il ne s'agit pas d'une comédie musicale pour autant. Plus loin, lorsque Philippe, prof d'anthropologie, raconte la légende d'une princesse inca, un dessin animé illustre son récit, dans un style très Disney. Surprenant, quoique gratuit. Mais pas de quoi crier au scandale ou jeter au pilori. Poncifs et caricatures égayent le film en s'assumant. On a donc une étudiante intello qui fréquente le milieu arty et hype, une coiffeuse alcoolique un tantinet gourde mais d'une gentillesse exemplaire, et une prolétaire un peu rustre et pleine de rage. Les personnages masculins n'y échappent pas : le séducteur pervers qui s'adonne à des activités interlopes dans sa galerie d'art, et le prof débonnaire et charismatique, toujours prêt à offrir son épaule pour consoler. Restent des situations burlesques, comme cette thérapie qui consiste à jeter d'un avion des mères dont la mission, qu'elles doivent accepter sans sourciller, est de ne lâcher leur bébé sous aucun prétexte.
Manque de profondeur psychologique des personnages, relative vacuité du propos : Filles perdues, cheveux gras ne prétend pas être autre chose qu'une comédie sur l'amitié entre trois jeunes femmes seules. Grâce au talent des acteurs (Amira Casar, Marina Foïs, Olivia Bonamy, Charles Berling et Sergi Lopez), on ne cherche pas plus loin et on se laisse aller à rire. C'est déjà pas mal.
Moland Fengkov
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