critique de Import/Export
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Import Export suit les parcours parallèles d'une Ukrainienne trouvant en Autriche un travail dans un service de gériatrie et d'un jeune Autrichien un peu zonard partant en Ukraine avec son beauf de beau-père pour installer des distributeurs de bonbons dans des quartiers laissés à l'abandon. Jamais leurs chemins ne se croiseront. Le film ne raconte pas l'histoire d'une rencontre, mais plutôt celle de deux mondes pas si différents l'un de l'autre. L'Est et l'Ouest réunis dans la solitude des existences des faibles, les laissés pour compte d'un monde occidental cruel qui n'attend personne pour avancer vers le progrès. Seidl filme les banlieues désertes ou littéralement transformées en décharges publiques, les hôtels miteux où la clientèle se réunit dans sa discothèque pour confronter son ennui à celui des autres, un hospice où les résidents incontinents perdent la boule en attendant la mort. Sans concession, le réalisateur n'épargne personne, de l'ancienne infirmière mère d'un enfant laissé au pays devenue femme de ménage chez les petits vieux au lascar fauché obligé de suivre un beau-père stupide et libidineux, en passant par la bourgeoisie cruelle qui chérit les caprices de ses enfants et chasse de sa demeure l'aide ménagère sans ménagement. Le message passe, mais le réalisateur en fait beaucoup trop. A trop vouloir montrer la crudité du sexe et de la mort, de la pauvreté affective et financière, à travers la succession et l'accumulation de scènes tournées de manière clinique, dans lesquelles la caméra s'attarde sur la folie des grabataires, son mépris pour l'être humain prend le pas sur la démonstration. Clairement misanthrope, il sombre, à force de s'attarder sur la sordidité des existences qu'il met en scène, dans un voyeurisme malsain. Une heure de moins au métrage aurait suffi et porté tout aussi efficacement, voire mieux, son discours.
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