Avec : Elia Suleiman, Manal Khader, Nayef Fahoum Daher
Durée : 1:32
Pays : Palestine
Année : 2002
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A Nazareth se déroulent de drôles d'événements. Un père Noël tente d'échapper à des gamins qui lui plantent un couteau dans le cœur, un homme jette systématiquement ses détritus dans le jardin de ses voisins, tandis qu'un autre balance des bouteilles sur la tête des siens...
Tout n'est que dérèglement et les actes violents entre voisins se multiplient, plus loufoques et décalés les uns que les autres. Pendant ce temps, un couple palestinien tente de s'aimer. Lui habite à Jérusalem et elle vit à Ramallah. Le contexte politique leur interdit de s'aimer librement et leur intimité s'arrête aux abords du poste de contrôle militaire israélien situé entre les deux villes. C'est sur un parking à proximité de ce poste que s'épanouit cet amour de contrebande. L'homme est incarné par le réalisateur lui-même. Son père se meurt et il lui faut se battre et résister pour maintenir en vie ces deux amours. Pour se faire, lui et son amante usent de subterfuges et d'audaces, comme ce ballon à l'effigie d'Arafat qui, porté par le vent, franchit gaillardement la très symbolique frontière.
La position pro-palestinienne du cinéaste est sans ambiguïté aucune : il appelle à la résistance, sous toutes ses formes, contre l'oppresseur israélien. Bien entendu, la violence qui s'exerce entre les voisins dans la première partie du film est une métaphore. Ces rapports de mauvais voisinage renvoient à la situation que vivent au quotidien les palestiniens. C'est donc un film militant que signe Suleiman et comme souvent en pareil cas, l'excès, pour ne pas parler d'extrémisme, affleure parfois, provoquant un certain malaise.
Bien que la réception du film ait été, semble-t-il bonne, une séquence fantasmatique se révèle particulièrement tendancieuse. C'est celle où la jeune femme combat des soldats israéliens qui s'entraînent au tir. Prise pour cible, elle finit par les anéantir un à un, les tuant à la grenade ou leur plantant un stylet entre les deux yeux. La violence doit-elle nécessairement appeler la violence ? Suleiman semble le croire.
Dans ce récit très autobiographique apparaît la figure du père malade. Suleiman dédie son film à la mémoire de son propre père qui, nous le découvrons dans le dossier de presse, a été torturé par les israéliens en 1948. Si Gitaï a su prendre en compte les points de vue des deux camps dans Kedma, Elia Suleiman ne s'inscrit pas quant à lui dans cette dynamique. Compte tenu de son vécu, comment pourrait-il en être capable ?
Après le rire provoqué par l'absurde des situations qui ouvrent la fiction, le film se radicalise et le malaise l'emporte. Loin le chimérique processus de paix dans ce film manichéen et la possible pacification des rapports entre les peuples que propose l'art....