critique de Isolation
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Auréolé d'une couronne au festival du film fantastique de Gérardmer 2005, Isolation débarque dans nos salles. C'est peu de dire que la déception est à la hauteur du buzz insistant qu'il avait engendré. Le générique de début s'écoule pourtant sur les meilleurs auspices, une campagne noire où infrastructures tordues et imbibées, ciel menaçant et végétation décharnée se confondent en une tourbière glaciale et organique. Le malaise s'installe, méticuleux et maussade. Le purgatoire pastoral de Billy O'Brien entendant brocarder une déchéance sociale, une paupérisation virale et l'âpre solitude qui ronge les viscères d'une société obstruée, en pleine décantation - mâchoires acérées mises en branle sur les images échographiques. Plombé par ses réflexes kitsch ou grégaires et ses envolées grandiloquentes le long métrage se perd rapidement dans les méandres d'une surenchère gore sans néanmoins en ponctionner la moelle horrifique ou cynique. Et si son propos était réellement de se colleter avec l'isolement comment analyser le choix préjudiciable ne pas confiner hors-champ la créature boursouflée et protéiforme si ce n'est pour étaler gratuitement à l'écran ses confondants effets spéciaux. The Thing, Alien, Chromosme 3 voire même Orca sont convoqués comme une kyrielle résonante et tutélaire, mais aussi crédible que soit John Lynch dans le rôle titre le spectateur s'ennuie ferme dans ce cloaque éventré où le cinéaste préfère écarquiller les yeux (montage vif et angles parfois imaginatifs) que sonder son biotope en étoffant des personnages très peu crédibles. La musique tonitruante, l'absence d'originalité du récit (les mutations génétiques bovines ont déjà été abordées à la télévision dans Picket Fences ou The X-Files pour citer les fictions les plus populaires) ou les effets téléphonés (le sang coule et la neige tombe pour accentuer les contrastes) concourent à une incantation flapie des canons du genre pour un film gnome étirant une idée intéressante (l'arme meurtrière renouvelle un peu les situations) sans réel génie. Le morne climax aurait-il engourdi jusqu'au réalisateur ?
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