Avec : Ludivine Sagnier, Nicole Garcia, Robinson Stévenin, Bernard Giraudeau Scénario : Julien Boivent & Anton Chekhov Durée : 1:44 Pays : France Année : 2003

Le « cinéma de papa » a encore de l'avenir devant soi ! En témoigne la pachydermique réalisation du consensuel Claude Miller qui, dans la plus pure tradition machiste, déshabille son actrice dès la première séquence. Ca n'est pas un coup d'essai, après les fesses du Sourire en 1994 !

Les présentations faites, nous voilà embarqués dans une libre adaptation de La Mouette de Tchékov. Soit une famille réunie le temps des vacances, dans une maison en Bretagne. Lili (Ludivine Sagnier) veut devenir comédienne. Julien (Robinson Stévenin), son petit ami, se destine à la réalisation. Idéaliste, il n'entend faire aucun compromis. Il se heurte à sa mère, une actrice intransigeante et dure, maîtresse de Brice, un cinéaste reconnu. Lili ensorcelle Brice et l'amène à tout quitter pour elle. Cinq ans plus tard, Julien réalise son premier film. Il a pour intrigue son drame intime.

La grâce mutine et la rafraîchissante maladresse de Ludivine Sagnier ne parviennent pas à sauver ce film du désastre. Franchement simpliste, La Petite Lili, en dépit d'une réalisation soignée, pèche par l'incapacité de Miller à proposer une mise en scène innovante. Cette transposition de l'oeuvre de Tchékov, où l'on parle de littérature et de théâtre et chez Miller de cinéma, pouvait se prêter pourtant à l'expérimentation. Miller a beau s'en défendre, La Nuit Américaine de François Truffaut, modèle avoué, copié mais jamais égalé, l'influence profondément jusque dans ses mouvements de caméra. Le cinéma finit par triompher à l'issue de ce drame toc, ce qui reprend les fameuses théories de Truffaut (un hommage lui est d'ailleurs rendu par la présence de l'affiche du film La Chambre Verte, épinglée contre un mur).

La prétention de La Petite Lili n'a d'égal que le ridicule achevé de certaines scènes. Pour illustration, les retrouvailles de Lili et de Julien, à l'occasion d'une soirée branchée qu'elle donne dans son appartement. Le visage de l'actrice, fraîchement gratifiée du prix Romy Schneider (sic), s'affiche sur une multitude de couvertures de magazines féminins que compulse machinalement Julien.

Pas toujours très justes, les acteurs ne sont pas aidés par leur texte boursouflé. Cependant, Marielle tire son épingle du jeu, impérial comme toujours et Julie Depardieu ressort de là transfigurée.

Ce qui aurait pu être une déclaration d'amour au septième Art et pour le coup, le film plus personnel de Claude Miller, se transforme sous nos yeux en un véritable fiasco.

Point de mouette ici, mais un spectateur qui baille aux corneilles !

  Sandrine Marques

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