La Pleureuse
Réalisé par Liu Bingjian
Avec : Liao Qin, Xingkun Wei, Jiayne Zhu, Jiayne Zhu
Durée : 1:31
Pays : Chine
Année : 2002
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Dans un Pékin contemporain, Liao Qin, une jeune provinciale, tente d'échapper à la misère en vendant des DVD et des VCD sous le manteau, pendant que son mari dépense tout en jouant. Mais quand ce dernier est arrêté pour avoir violemment battu un homme, Qin doit rembourser dans un bref délai les frais médicaux, et payer une caution à la prison. Il lui faut trouver un travail stable. Elle regagne sa ville natale, où elle retrouve son amour de jeunesse, désormais marié. Celui-ci, devenu son amant, la convainc de gagner sa vie en devenant pleureuse professionnelle lors de cérémonies funèbres.
La Pleureuse commence comme un film social chinois, réaliste, aux accents documentaires. Mais après une demi-heure, il commence soudain à se chercher un genre, alternant le rire (les péripéties du système D) et les larmes (Qixiang visite son mari en prison), ce qui laissera un peu perplexe le spectateur. De plus, les baisses de rythme et l'action en pointillés sont assez regrettables.
Pourtant, s'il est souvent drôle et parfois touchant, le film de Liu Bingjian est surtout irrévérencieux quand il s'amuse à titiller les interdits : l'humour noir est sans doute moins polémique que la description d'une Chine pauvre, corrompue, qui n'est socialement pas à la hauteur de ses résultats économiques. Cette peinture acide a dû faire grincer quelques dents dans le bureau de la censure à Pékin. On se rappelle en effet le sort qui avait été réservé à Plus fort que le Silence.
Liao Qin porte le film à bouts de bras. Elle est tour à tour une pleureuse désopilante, une épouse en colère, une mère adoptive impatiente, toujours avec un talent égal. Elle est sans conteste le meilleur atout de Liu Binglian, qui le sait, puisqu'elle apparaît quasiment dans chaque plan.
La conclusion du film est habile et intelligente : abandonnée, la pleureuse pleure. Simple, mais malin et très efficace. La Pleureuse n'est pas un chef d'œuvre, mais il se regarde avec plaisir.
Laurent Ziliani
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