Avec : Charlotte Gainsbourg, Laurent Lucas, André Dussollier, Charlotte Rampling
Scénario : Dominik Moll Gilles Marchand
Durée : 1:35
Pays : France
Année : 2005
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Dernier opus du tandem Moll - Marchand (et vague remake de Lost Highway), Lemming est un film français qui se voudrait désespérément autre chose. Tout ce qu'on veut mais pas français. Sursignifiant, très écrit, psychologique au fond : tentative ratée. Frenchy à mort, Lemming fait mentir la consonance de son titre. Le dernier film de Dominik Moll aurait été plus honnête à s'appeler " Cochon d'Inde ". Au reste, voilà du bien " bon " cinéma mainstream (pardon, " grand public ").
Emballé, c'est pesé : autrement dit, du tout venant estampillé " qualité française " justement, sous couvert d'une prétention réellement agaçante.
Deux couples se retrouvent à dîner. Laurent Lucas, jeune ingénieur et son épouse modèle (Charlotte Gainsbourg), reçoivent André Dussolier, patron du premier, accompagné de sa femme pour le moins étrange (Charlotte Rampling), froide et sépulcrale, le regard effacé derrière des lunettes noires. Elle aussi sursignifiante, (et un brin rêche) : la mort en marche, par quoi le film va basculer dans le fantastique, via l'apparition du fameux Lemming, le métaphorique rongeur scandinave, coincé dans une canalisation…
Le film ne fait rien de sa durée sinon découper un espace voulu anxiogène en séquences d'ennui, où chacun aura le temps de faire son malin : un certain savoir-faire au service d'un discours sur le couple, le désir et la mort, et même sur notre société où la surveillance prend le pas sur la vie privée… Cela dit beaucoup, certes, mais mal.
Comment, par exemple, espérer distiller une quelconque angoisse à filmer ainsi des personnages en plan invariablement rapproché, de sorte que jamais le cadre n'est suffisant pour laisser venir le danger ? Petite leçon de suspense : du personnage à ce qui le menace, la peur est proportionnelle à l'espace qui reste à parcourir… L'alpha et l'oméga d'une série B. Mais à usurper la francité de ses plans au moyen d'un détour par le cauchemar lynchien, Moll ne réussit qu'à diluer sa belle image bleutée dans le ringard dernier cri de sa petite fiction familiale.