critique de Les Amitiés maléfiques
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Rencontrés au cours de littérature d'une fac parisienne, deux étudiants tombent sous la férule d'André, qui cumule les rôles d'ami, de mentor et de conseiller. Dans une longue première partie, le film de Bourdieu étale son érudition littéraire, par le truchement de l'emprise qu'exerce André sur ses camarades. Citations, théories sur l'acte d'écriture et de création, philosophie de vie, parisianisme intellectuel presque agaçant, mais dont la personnalité ambiguë d'André apparaît en filigrane. Lorsque, dans la seconde partie du film, on apprend que son charisme est bâti sur un mensonge, le film déploie toutes ses qualités et les zones d'ombres laissent la place à la véritable personnalité de ce héros romantique, au sens maudit du terme, le contexte littéraire du début apparaissant alors comme pur prétexte à étudier les rapports de force entre les personnages. Alors que ses camarades qu'il s'ingénue à humilier en les écrasant de sa condescendance s'épanouissent, l'un dans le théâtre, l'autre dans la littérature (publication d'un premier roman), lui perd toute sa superbe, dans un jeu de vases communicants. En cela, Les Amitiés maléfiques est un film de vampire. L'énergie utilisée pour tyranniser ses camarades les nourrit dans le même temps et vide André de tout son potentiel créatif. Servi par de jeunes acteurs prometteurs, Les Amitiés maléfiques vaut avant tout pour son personnage central, empreint de fragilité derrière l'écaille du charisme.
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