critique de Les anges exterminateurs
|
Les personnages s'emploient à donner une image sécurisante du réalisateur et de le déprendre de sa réputation nauséabonde, en prenant la parole en sa faveur. Ainsi, les premières scènes de casting démontrent le libre-arbitre chez les candidates. De celles qui refusent catégoriquement de jouer nues sans simuler le plaisir, que le cinéaste ne retient pas une seconde, aux actrices consentantes, prêtes à vivre l'expérience en s'impliquant corps et âme, le film détermine clairement deux catégories de personnes qu'on ne peut accuser d'avoir subi une quelconque manipulation de la part de l'auteur. Du moins est-ce ce que l'objectif qu'il se fixe, sans refuser un certain humour dédramatisant l'affaire. Une fois cette première démonstration terminée, Brisseau poursuit en suivant les trois actrices finalement retenues. Il s'agit alors pour lui de montrer que dans cette étape de l'élaboration du projet cinématographique, le réalisateur reste toujours fidèle à la promesse faite aux jeunes femmes : ne jamais franchir la ligne séparant le crime de la morale, ne jamais les toucher. Voyeurisme ? Sans doute, mais le cinéma n'est-il pas affaire de voyeurisme, semble nous demander le film. L'intrigue aligne les arguments et démontre, point par point, la nécessité du procédé pour obtenir les résultats désirés. En clair, les actrices ne pourraient donner le meilleur d'elles-mêmes si une relation de confiance, entre le réalisateur et elles, ne s'instaurait pas, chose impossible si les essais avaient été passés en présence de techniciens ou d'autres témoins dont la présence aurait rendu impossible toute complicité. Figure rassurante, paternelle, invitant naturellement à la confidence, le cinéaste se montre sous son meilleur jour, se voulant charismatique et candide à la fois, si bien que lorsque ses recrues se retournent contre lui, il ne peut jouer que la victime. Avec ce film, Brisseau clame son innocence et en appelle à la justice divine. Deux anges sont chargés de le faire expier ses fautes. Seulement voilà, au moment de porter le coup de grâce, l'une des deux envoyées se ravise et l'épargne. Si même les anges tombent amoureux de ce personnage, comment le condamner ? Au spectateur de trancher.
|
|