Avec : Jean Reno, Benoît Magimel, Johnny Hallyday, Nikita Samaha Scénario : Luc Besson Durée : 1:40 Pays : France Année : 2003 Site Officiel: Les Rivières Pourpres 2

Second volet d'une trilogie (sic !) qui fera date dans l'histoire du navet à gros budget, Les Rivières Pourpres 2, les Anges de l'Apocalypse se place d'emblée sous le signe de l'esbroufe. Promesse du titre tenue : tout, des dialogues au scénario en passant par la réalisation, est apocalyptique ! Olivier Dahan, « déjà mort » pour le 7ème Art, appose sa signature au générique d'un film vampirisé par Luc Besson, tout à la fois producteur, scénariste et dialoguiste et qui ressemble fort à l'ogre cupide que Dahan mettait en scène dans son très formaliste Petit Poucet. Est-ce parce qu'il ne lui restait plus que l'espace filmique comme lieu d'expression que Dahan le surinvestit outrageusement ?

Fasciné par une esthétique « crade », il nimbe ses décors tocs (le commissariat art déco laisse perplexe) d'une lumière verdâtre ou fauve, façon vitraux de cathédrale ou épisode de Derrick sous ecstasy. Et puisque l'on parle du célèbre flic allemand, venons-en à l'argument alambiqué du film : des moines azimutés trafiquent quelque chose de pas net sous la ligne Maginot et exterminent des types qui portent les mêmes noms que les douze apôtres. Mais pourquoi ? Parce qu'un allemand méchant très riche (Christopher Lee, de toutes les blagues !) leur demande. Pendant ce temps là, un type barbu et émacié, du nom de Jésus, se balade dans la ville, s'écrase contre les bagnoles pour échouer à l'hôpital. Dieu merci, Niemans (Jean Réno) et Reda (Bruno Magimel), flics zélés sauvent l'humanité de l'apocalypse, mais pas le spectateur de la neurasthénie et le film du ridicule ! Ce doit être à peu près tout pour l'intrigue, expurgée du salmigondis mystico-religieux, destiné à densifier un scénario malingre.

Non sans cynisme, Besson recycle ses productions antérieures. Ainsi, le « moine sauteur » sort tout droit de Yamakasi, solution de facilité et échec patenté. Les dialogues affligeants, d'un bon niveau sixième, soulignent davantage encore les béances scénaristiques (Grangé avait d'ailleurs fort intelligemment renoncé à écrire une suite à son ouvrage, cédant la place au scénario au producteur peroxydé). Besson ouvre grand les vannes de la connerie. Son humour potache émaille ce qui ne saurait être qualifié de dialogues. Qu'on en juge : « Vous vous appelez Marie ? Ah, bah, je vous présente Jésus » ou bien encore « Jésus est à l'hôpital mais les apôtres sont tous morts ». Et le meilleur pour la fin, à propos de Jésus renversé par une voiture : « il aurait pu rester dans les clous » !

Mais sous le faux-semblant de légèreté pointe un racisme sournois, récurrent dans le cinéma produit à la chaîne par Besson. Ici, il réveille l'antagonisme franco-allemand vivace au sortir des deux guerres. Doit-on parler, avec Europacorp, d'industrialisation de la bêtise ? Nuls artistiquement, ces films véhiculent une idéologie des plus douteuses, aux relents nationalistes. Si ce cinéma là continue à déferler sur nos écrans, l'apocalypse est bien pour demain !

  Sandrine Marques