critique de L'Homme de Londres
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Un rendez-vous qui se solde, au terme de plus de deux heures, par une profonde déception. Après un plan séquence d'ouverture d'une magistrale maîtrise, le long de la proue d'un cargo, qui se termine en surplomb d'un quai accueillant un train en partance, on se dit que le réalisateur n'a rien perdu de l'esthétique propre à son cinéma. Servi par un noir et blanc léché, le film, inspiré d'une nouvelle de Simenon dont Tarr s'éloigne librement de l'intrigue, se déroule, lentement, excessivement lentement, en une série de longs plans séquences aux mouvements de caméra d'une virtuosité déconcertante. Une virtuosité telle qu'à la fin de la scène, il reste difficile de garder en mémoire le parcours complexe effectué entre temps par le regard de Tarr, qui explore tous les recoins de l'espace, exploite tous les angles de vue. Passé le constat qu'on a affaire à un grand metteur en scène, que reste-t-il ? Une apologie de la durée et de la lenteur, qui se traduit autant à l'image que dans la diction des personnages, ou encore dans la bande son, composée d'une ritournelle obsédante (pour ne pas dire agaçante) à l'accordéon, et surtout, une absence de discours noyée dans l'évidence de la plastique qui empêche le spectateur de s'intéresser ne serait-ce qu'une seconde à l'intrigue. Béla Tarr a inventé le thriller soporifique.
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