La Muse
Réalisé par Albert Brooks
Le dernier Albert Brooks satisfera ses fans et en attirera de nouveaux: en particulier les amateurs de parano légère et d'ironie.
Dans la première partie du film, Brooks, scénariste, est invité à déjeuner par un jeune producteur arrogant (il possède le divan de Saving Private Ryan) qui l'informe qu'il a "perdu son edge" (tranchant) et rompt son contrat avec les studios. Lorenzo Lamas, héros Rebelle des dimanche télé français, qui passait par là, se voit félicité pour son script par le producteur, ajoutant ainsi à l'humiliation de Brooks.
En panne d'inspiration, et inquiet de ne plus pouvoir supporter materialement sa famille, Brooks va voir son ami et confrère Jeff Bridges (aux antipodes de son personnage du Big Lebowski, ici scénariste tout beau et tout bronzé) qui accèpte de lui prêter sa Muse (Sharon Stone), qu'il devra supporter financièrement. Il la met au Four Seasons, et quand l'hotel ne convient plus, l'accueille dans sa propre maison. Celle-ci prendra la direction des affaires familiales et aidera sa femme à monter une affaire de cookies au lieu d'aider Brooks qui deviendra jaloux et appeuré de perdre ses pouvoirs créatifs. Et dés qu'il tourne la tête, apparaît un célèbre réalisateur qui la comble de cadeaux ou l'adule. Des caméos hilarantes de Martin Scorsese, James Cameron, et Rob Reiner apportent authenticité à cette histoire de coulisses qui souligne l'importance des plus grands.
The Muse tire un pied-de-nez à une ville obsédée par elle-même. Seulement à LA, logerait-on une muse au Four Seasons et sous-entendrait-on qu'elle est à l'origine des succés de Truman Show et Titanic. Les passages les plus amusants incluent Brooks marchant des km à travers les studios d'Universal pour un rendez-vous avec Steven Spielberg (qui en dieu suprême d'Hollywood a son bureau, bien sûr, en haut d'une colline) parce qu'il n'est pas jugé assez important pour avoir un moyen de transport (il rencontrera en fait Sam, le cousin de Spielberg joué par Steven Wright), un Scorsese sous tension balbutiant à propos d'un remake de Raging Bull, une discussion avec un italien qui confond tout au restaurant Spago’s et un match de tennis avec Jeff Bridges.
C'est l'ironie qui mène le film, ne vous attendez donc pas à tomber de vos chaises de rire. Il est aprés tout bien plus raffiné qu'un Jim Carrey. Nous assistons à la montée du malaise et de la jalousie de Brooks alors que la carrière de sa femme fleurit et qu'on l'encourage à prendre du repos. The Muse tombe à pic alors que les films pour ado sont rois et que les scénaristes doivent avoir l'age de leur public, ce qui rend la position des scénaristes entre deux ages plus précaire. Les films sur les coulisses d'Hollywood ne sont pas nouveaux. The Player, Swimming with Sharks, Burn Hollywood Burn, etHurlyBurly ont déjà couvert le sujet. Brooks a pourtant une démarche différente. Il se moque d'Hollywood, comme on se moquerait d'un membre de sa famille, tout en se moquant aussi de lui-même. Ironiquement, il semble que vieillir dans cette industrie soit aussi dur pour les scénaristes que pour les actrices. Brooks montre aussi ce que la plupart des gens sont à Hollywood: des gens comme tout le monde avec une famille qui ne sont pas vendus corps et âme à Hollywood. Tout le monde n'est pas puissant, pervers, drogué et éternellement 25 ans.
Si le film est bien balancé et appréciable, le jeu des acteurs est inégal. Brooks est en grande forme, Sharon Stone étincelle et est assez amusante, alors qu'Andie MacDowell est plate. Brooks n'est peût-être pas Eddie Murphy mais il devrait vous faire sourire.
Fred Thom
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