critique de OSS 117
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L'action d'OSS 117 se situe au Caire en 1955. Hubert Bonisseur de la Bath (l'agent OSS 117 donc) se rend dans la capitale égyptienne pour rétablir l'ordre dans le Moyen-Orient après la disparition d'un premier agent. Rapidement il va s'agir pour notre espion français de dénicher plusieurs complots. L'argument de base est pour le moins faible, mais par sa mise en scène toute en légèreté, Hazanavicius va nous dresser le portrait de personnages hauts en couleurs, toujours à la limite de la parodie mais sans jamais tomber dedans. Il est d'ailleurs préférable de parler de rupture de ton. La photo rappelant l'âge d'or du technicolor, les décors aussi beaux que majestueux, les costumes impeccables, tout dans le film est parfaitement apprêté. C'est sur le mode bon goût/mauvais goût que le film opère. Ainsi à chaque fois c'est la maladresse de l'agent français qui brise l'unité dans laquelle baigne le film. OSS 117 nous décrit l'incapacité d'un homme à s'intégrer à une civilisation. Cette non-intégration est double. Elle est d'abord picturale. L'agent secret a un rapport avec son corps qui le différencie de la population locale. Quand il poursuit un meurtrier, sa course est plus que particulière. Lorsqu'il s'entretient avec une personne il lui arrive de poser sa jambe de telle sorte qu'il puisse s'accouder dessus lui donnant un aspect somme toute ridicule (idem quand il met en joue quelqu'un). De même quand il se met à effectuer quelques pas de mambo et qu'il se laisse tenter par le démon de la danse, son entrain fait tâche parmi l'assistance. Ensuite cette non-intégration est verbale et culturelle. L'agent OSS 117 fait preuve d'une bêtise sans borne. Il ignore tout du pays dans lequel il est venu en mission, est arrogant avec les gens qu'il côtoie, pense que l'Occident a encore beaucoup à apprendre au Moyen-Orient. Aussi, lors de son séjour, il ne cesse d'utiliser de vieilles expressions désuètes, de l'époque certes, mais qui, dans le contexte où il évolue, en deviennent ridicules. OSS 117 se révèle donc peu à peu comme un film où le politique, toutes proportions gardées, prend sa place. La description du monde arabo-musulman se fait l'écho des relations internationales actuelles, de cette bipolarisation à laquelle nous assistons entre le monde occidental et l'Orient. En première ligne on voit bien sûr qu'il s'agit de l'islam qui est visé. Aux yeux d'Hubert c'est une religion terriblement archaïque, et qui ne mériterait pas d'exister. Donneur de leçons et obnubilé par son nombril, ego surdimensionné et phrasé précieux, l'espion français est un homme incapable de comprendre l'autre, d'aller vers l'autre, même du sexe féminin. En témoigne ces scènes assez stupéfiantes où à deux reprises il est courtisé par deux très belles femmes. Pour la première il ne lui fera l'amour que sous certaines conditions. Pour la seconde c'est à peine s'il remarque qu'elle veut l'embrasser langoureusement alors qu'ils sont seuls sur un quai. Rien que dans ces scènes-là on remarque le désintérêt total que l'agent OSS 117 a envers ce qui s'avère des offres difficilement repoussantes, il faut l'avouer. Par ce côté un peu régressif le film décrit la suffisance dont font preuve les Etats occidentaux les plus puissants face au reste du monde. Evidemment le film ne juge pas scandaleusement ce type de comportements mais s'amuse simplement à en rire. Pas de moralisme rasoir, juste un point d'équilibre trouvé entre le rire et le sérieux fonctionnant par le jeu des vases communicants. Cet entre-deux qui fait d'OSS 117 une réussite indéniable.
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