Avec : Geng Le, Chang Jieping
Scénario : Yang Chao
Titre Original : Lu Cheng
Durée : 1:54
Pays : Chine
Année : 2004
Site Officiel : Passages
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Premier long métrage d'un jeune cinéaste chinois, Passages, malgré des longueurs, est un road-movie désespéré vers un ailleurs plein de promesses comme d'incertitudes. Poignante occasion de découvrir une vision de la Chine rurale que deux habitants cherchent à fuir, confrontée à la complexité de la société chinoise moderne.
A l'heure où le Dragon s'éveille et s'apprête à se lancer toutes griffes dehors dans l'arène de l'économie de marché, deux jeunes étudiants se rendent à la grande ville de Wuhan pour investir leurs maigres économies dans un projet incertain impliquant des champignons aux vertus médicinales, réputés pour leur pouvoir de ressusciter les défunts.
Le film de Yang chao s'ouvre sur un long travelling le long des rails, mouvements de caméra qu'il affectionne tout particulièrement, et qui sied bien à la quête d'ailleurs qu'entreprennent les protagonistes. Le train : personnage à part entière. Le père de Si Xu, tout comme celui du réalisateur, travaille dans une gare. Dans cette région désoeuvrée dont les décors (ponts délabrés, routes encombrées de camions convoités par des bandes armées, champs moribonds) rappellent la pauvreté, les trains symbolisent l'espoir d'un horizon meilleur dans un pays dont le développement exponentiel risque d'en laisser plus d'un sur le quai. Mais les paysages qui défilent horizontalement, mornes et plats, renvoient les personnages à la réalité du système dont ils tentent de s'extraire en prenant leur vie en main. Si-Xu et sa petite amie effectuent ce voyage vers la fortune espérée trois fois de suite, avec à l'arrivée de nouvelles déceptions. Un dicton chinois dit : « jamais plus de trois. » en d'autres termes, il faut savoir s'arrêter.
Filmés en plans larges, évoluant dans les vastes espaces endormis, les héros de Passages semblent constamment voir leurs idéaux se diluer dans la réalité. Eux-mêmes, finissent par se perdre, par disparaître dans le paysage. Alors, deux choix s'offrent à eux : revenir au système, ou s'obstiner. La petite amie de Si-Xu, rebelle idéaliste, poursuit sa route, tandis qu'il abandonne. Et retourne à l'école.
Passages témoigne d'un certain auteurisme du jeune cinéma chinois, très concerné par le sort de son pays, et partagé entre espoir et fatalisme. Un cinéma qui voit ses chances de sortir de ses frontières, à l'image de ses personnages, uniquement par le biais de festivals comme celui de Cannes.