Avec : Bahia Rachedi, Ibtissem Djouadi, Nacera Merah, Hamid Ramas
Durée : 1h:40
Pays : Algérie
Année : 2002
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Rachida est institutrice à Alger. Un beau jour, elle est abordée dans la rue par quatre hommes qui lui intiment l'ordre de déposer une bombe dans l'école où elle travaille. Rachida refuse et est abattue froidement en pleine rue. Sauvée in extremis, elle quitte la capitale avec sa mère pour gagner un village isolé. Peu à peu, elle se rétablit, reprend l'enseignement jusqu'à ce que le terrorisme ne la rattrape dans son nouvel environnement.
Ce film concourt pour la Caméra d'Or. C'est, en conséquence, la première réalisation d'une cinéaste engagée qui situe son propos dans l'Algérie contemporaine, ravagée par ses attentats terroristes et ses massacres de population. A travers le parcours individuel de cette jeune femme s'écrit l'histoire chaotique d'un pays dont la population vit dans la peur du terrorisme. Après son agression, Rachida tente de se reconstruire et d'oublier la peur. La réalisatrice parvient à rendre palpable ce sentiment dans nombre de ses plans sobres et élégants. C'est l'occasion pour elle de parler du statut de la femme dans une Algérie entamée par l'islamisme.
Rachida ne porte pas le voile. Le film s'ouvre sur sa bouche qu'elle maquille, ses cheveux qu'elle dénoue, avant de sortir, baladeur sur les oreilles, dans les rues d'Alger. Quelques plans suivants, elle est étendue dans la rue, baignant dans son sang. L'un de ses anciens élèves lui a tiré dessus. C'est aussi là un des intérêts du film : donner un corps et un visage aux terroristes.
Ce qui est frappant dans le film de Yamina Bachir, c'est que les futures victimes vivent à proximité de leurs bourreaux, quand elles n'en connaissent pas le visage. Les dialogues donnent encore plus de force au récit. Ainsi, Rachida s'insurge contre ceux qui commettent des crimes au nom de la religion : « Dieu sera toujours innocent des crimes qui sont commis en son nom ». Elle explique plus tard à ses élèves que la capitale ne peut plus être surnommée « Alger la Blanche » car elle est maculée par le crime. Alors que la vie semble reprendre ses droits, à l'occasion d'un mariage, les villageois sont massacrés dans la nuit, au sortir de laquelle Rachida, errant dans les rues dévastées, va donner son dernier cours.
Le film se referme sur un regard vers la caméra. On regrette ce final trop démonstratif et émotionnel, appuyant inutilement un propos auquel le spectateur ne peut être qu'acquis. Le film a en effet été ovationné et a fait le consensus. Peut-être un peu trop.