Avec : Roschdy Zem, Ivry Gitlis, Emma Suárez, Silke
Scénario : Siegfried
Durée : 1:56
Pays : France
Année : 2003
Site Officiel : Sansa
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Dans Sansa, l'artiste/scénariste/réalisateur/producteur Siegfried suit un artiste de rue débrouillard (Roschdy Zen) le long d'un périple qui l'amène de Paris à la Russie. Sansa est charmant et insouciant, menant une vie de bohémien. Ses rencontres sont nombreuses, le plus souvent féminines, jusqu'à ce qu'il s'attache à un vieux chef d'orchestre excentrique qui devient une sorte de figure paternelle.
Les penchants artistiques et le talent de Siegfried sont omniprésents dans le film. Tourné dans un style digital granuleux, très guérilla-vidéo, le film est étonnamment esthétique. La cinématographie est superbe et les mouvements de caméra sont fluides, amples et sophistiqués, faisant de Sansa un projet ambitieux. La bande son French touch electro-jazzy construit l'ambiance autour des images, enveloppant le spectateur dans son atmosphère et créant un film résolument hypnotique et moderniste.
Mais si l'art est un travail sur la forme et les contours, visuellement ou musicalement, ce dernier n'a aucune raison d'être s'il est dénué de contenu, que ce soit en tant que vecteur d'émotions ou comme moyen de communication. Si le premier long métrage de Siegfried, Louise (Take 2), avait été critiqué pour son vide apparent, ici, une fois ouverte la glorieuse enveloppe de Sansa, c'est une vision plutôt pathétique et révoltante que l'on découvre.
Sansa souffre du syndrome post-Amélie Poulain sa représentation réaliste du monde consistant en une carte postale fantasmée. Les pérégrinations de Sansa débutent à Montmartre, continuant avec une succession de clichés internationaux. En Italie, nous apprenons que les femmes sont belles et ont de belles chevelures noires tandis que les hommes sont des machos ; on a même droit à une poursuite en Vespa. La Russie est la terre du chaos et du crime organisé où tout le monde se saoule à la vodka. L'Afrique est corrompue, l'Inde un pays où les gens se baignent nus dans les rivières et l'Egypte a des pyramides. Ma seule surprise fut de ne pas assister à une scène de karaoke durant l'arrêt à Tokyo une scène peut-être coupée au montage qui-sait ? Pendant ce temps notre héros Sansa qui est victime de brutalités policières aux quatre coins de la planète, est increvable, séduisant toutes les femmes sur son passage, tel un James Bond routard, sautant d'un train à l'autre, échappant aux embrouilles, rencontrant des amis où qu'il aille, et traversant à pieds, les mains dans les poches, les grandes terres glacées de l'Europe de l'est et le brûlant désert marocain.
Au lieu de tirer avantage de l'approche guérrilla-vidéo pour nous donner un regard réaliste sur la difficulté de la vie précaire des SDF, il ne nous laisse avec rien d'autre qu'un portrait subjectif, le mythe d'une grande fraternité internationale et d'interminables clichés sortis tout droits des pages de National Geographic et Geo (des enfants, des femmes et des vieillards).
Au final, malgré les milliers de kilomètres parcourus autour du monde, Sansa n'est allé nulle part.