critique de The great Ecstasy of Robert Carmichael
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Là où l'ancrage fictionnel du film appelait un traitement naturaliste, Clay prend le parti pris de la sophistication. Un hiatus formel intéressant mais qui ne produit rien et surligne, a contrario, la vacuité de l'entreprise. Plans séquences, travellings latéraux et circulaires amples, afféteries formelles en veux-tu, en voilà : l'emphatique mise en scène peine à masquer les béances d'un récit qui converge tout entier vers son climax meurtrier. The Great Ecstasy appartient malheureusement à cette tradition de films tapageurs construits autour de leur scène choc. L'ambition discursive, affirmée dès l'amorce par le truchement d'images d'archives guerrières, se perd très vite, au profit d'un salmigondis politico- métaphysique (le mal endémique) aussi indigeste que les références cinématographiques auxquelles Clay assigne son film. Le réalisateur se rêve en héritier de Kubrick et d'Haneke, l'envergure et l'âpreté stylistique en moins. The Great Ecstasy fait monter la sauce avant de se vautrer dans la contemplation éberluée de son propre vide. A noter tout de même, une distribution intéressante de trognes, laquelle aurait pu émouvoir si le réalisateur ne l'avait figée, tel un entomologiste, dans le glacis de sa réalisation. A commencer par le rôle titre, le taciturne Robert Carmichael (Daniel Spencer), dont l'apathie complexée finit par se décharger dans une rage pulsionnelle. Mais on est surtout frappé par un autre acteur, Danny Dyer, lequel incarne un dealer ex taulard. Autrement dit, l'élément étranger qui va achever de dérégler la petite communauté jusqu'à la faire imploser. Sa démarche de prédateur, sa présence délétère à l'écran font de lui la vraie révélation de ce film monté, à tort, en épingles.
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