critique de The Host
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Cette histoire de monstre engendré par la pollution chimique possède tous les atours du film de genre, à la limite de l'hystérie potache du manga (hilarante scène où les protagonistes principaux pètent littéralement les plombs à la veillée funèbre d'un membre de leur famille), mais il serait naïf de réduire son propos à un divertissement pour aficionados. Production friquée, avec un soin particulier apporté aux effets spéciaux, qui montrent un monstre au grand jour dès sa première apparition à l'écran, dans une longue séquence de massacre, The Host se démarque de ses confrères américains, en écartant tout effet de surprise concernant le look de la bête, qu'on découvre dans toute sa splendeur dès les premières scènes, et se positionne ainsi comme un anti Alien ou un anti Jaws. De plus, son rythme alterne avec brio scènes de pur effroi et séquences comiques. Ses intentions se portent ailleurs que vers le simple désir d'effrayer. Dès la scène d'exposition, The Host lance sa charge politique qui sort le film des frontières du genre, explicitant ainsi l'une des interprétations du titre : la Corée du Sud, accueillant sur ses terres des bases militaires américaines. Cynique, Bong Joon-ho désigne les Etats-Unis comme responsables de la pollution du fleuve, tout comme il se moque de leur héroïsme insensé, par le truchement d'un yankee partant affronter seul le monstre, qui s'en débarrasse d'une chiquenaude. Plus tard, les gendarmes du Monde en prennent encore pour leur grade, dans une scène où le réalisateur pointe du doigt leur interventionnisme parfois déplacé, leur ingérence convoquant ici le spectre du virus contagieux. Mais Bong Joon-ho n'en reste pas là. A travers le portrait de citoyens ordinaires, voire minables, c'est la société coréenne qui subit sa vision critique. Le lieu même de la première attaque de la créature ne relève pas du hasard. Les rives de la rivière Han servent de lieu de détente pour les familles populaires. La bête, fonctionnant comme une métaphore de la société impitoyable et de l'agressivité du monde en général, s'attaque aux plus faibles, aveuglément. Résolument politique, The Host affiche une intelligence sur tous les plans. Pur divertissement, il propose cependant plusieurs niveaux de lecture, dans un savant mélange de genres qui démontrent l'ampleur du talent de Bong Joon-ho. Une réussite. |
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