Avec : Robert Evans, Francis Ford Coppola, Jack Nicholson, Dustin Hoffman
Durée : 1:31
Pays : USA
Année : 2002
Web : Site Officiel
Basé sur : Roman
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« À chaque histoire, il y a trois versions : ma version, votre version et la vérité. Et personne ne ment. Chacun traite à sa manière les souvenirs partagés. »
Empreint de science hollywoodienne, d'humour, avec une touche de légende, cette vision intime de l'ascension, puis de la chute du magnat de Hollywood Robert Evans s'avère être un documentaire passionnant.
A priori, les procès et tribulations d'un producteur hollywoodien ne risquent pas d'attirer les foules dans les salles obscures, mais dans un pays qui apprécie une bonne histoire baignant dans un univers de vieux films classiques, de célébrités et de drogue, il n'en faut pas plus. Si, par ailleurs, le producteur en question est excessif et a la langue bien pendue, c'est encore mieux.
Le documentaire s'articule autour de trois parties : les débuts d'Evans, son apogée à la tête de la Paramount et sa chute en disgrâce. Burstein et Morgen utilisent la voix de Robert Evans provenant de son livre audio, combinée à des séquences de films et d'actualités, des photos, divers documents et la musique pour établir un portrait parfois surréaliste de la vie bien remplie d'un producteur hollywoodien.
Le film nous apprend que Robert Evans fût découvert à la piscine du Beverly Hills Hotel par l'actrice Norma Shearer. Darryl Zanuck l'engagea pour tourner dans The Sun Also Rises malgré les réticences d'Ernest Hemingway, Ava Gardner et Tyrone Power. Zanuck décréta que « the kid stays in the picture! » (« le gamin reste dans le film! ») et le « kid » empoigna Hollywood par les cornes et tint bon. Dès ce moment Evans se rendit compte qu'il préférait lui-même tirer les ficelles. Il n'allait pas perdre son temps à essayer d'obtenir des rôles ; il allait plutôt décider qui obtiendrait quoi.
Non content d'être un piètre acteur héritant de grands rôles, il fit également sensation en intégrant la Paramount malgré son manque d'expérience professionnelle dans ce domaine. Il raconte comment il a sorti la Paramount du pétrin grâce au succès de Love Story avec, en vedette, sa femme Ali McGraw. On apprend également diverses anecdotes concernant les réalisateurs et les stars de Rosemary's Baby, 100 Dollars pour un Shérif, Le Parrain et Chinatown.
L'un des thèmes abordés est sans doute le pouvoir, l'influence et la perte de ceux-ci. L'énorme succès d'Evans était dû au fait qu'il pouvait obtenir des gens ce qu'il voulait d'eux en dépit d'objections rationnelles, comme faire rallonger Le Parrain par Coppola, faire venir Henry Kissinger à la première de ce même film, permettre à Mia Farrow de continuer à tourner, n'en déplaise à Frank Sinatra, ou encore empêcher les administrateurs mécontents de liquider la Paramount.
Néanmoins, il ne pouvait obtenir absolument tout ce qu'il voulait, et, tel Icare s'approchant trop du soleil, Evans sombra dans la drogue. Il perdit alors Ali McGraw, l'amour de sa vie, qui le quitta pour Steve McQueen, sa précieuse maison à Beverly Hills et son prestige à la Paramount. Une histoire de liens suspects avec un meurtre acheva de ternir sa réputation.
C'est sans aucun doute le ton bourru et sarcastique de la narration par Robert Evans qui donne à l'œuvre toute sa dimension. Le commentaire d'Evans rend le tout d'autant plus poignant. La partie concernant le mariage et la lune de miel avec Ali McGraw, ou Miss Snotnose, comme il l'appelle, est émouvante, sans être exagérément romancée. La créativité de Burstein et Morgen dans la manière de mettre sur pied un documentaire retraçant toute une époque place la "barre de l'art du documentaire" très haut.
Finalement, c'est grâce à la loyauté et l'amitié que tout le monde s'en sort, même chez les producteurs à Hollywood. Jack Nicholson racheta sa maison et un cadre qu'il avait lui-même embauché des années auparavant le reprend à la Paramount. À l'instar du héros de n'importe quel film, pour Evans, ça ne faisait que commencer. Evans prend vie pour toute une nouvelle génération, qui connaissait bien ses films, mais pas le personnage. L'histoire du « kid » reste en tête bien après que les lumières se sont rallumées.