Avec : Christian Bale, Jennifer Jason Leigh, Aitana Sánchez-Gijón, John Sharian
Scénario : Scott Kosar
Titre Original : The Machinist
Durée : 1:42
Pays : USA
Année : 2004
Site Officiel : The Machinist
|
|
Un film peut-il reposer sur le seul corps d'un acteur ? C'est le pari que prend Brad Anderson dans The Machinist, poussant l'axiome jusqu'à l'extrême.
Stylisé et constamment sur la corde raide, le film décrit les égarements d'un ouvrier famélique (Christian Bale), insomniaque depuis un an, et poursuivi par un personnage délétère. Quelle est cette figure inquiétante ? Sort-elle de l'imagination fiévreuse du héros ? S'agit-il d'un complot fomenté par ses collègues ou par Stevie (Jennifer Jason Leigh), la prostituée au grand cœur dont il est le client le plus régulier ?
Nimbé d'une lumière irréelle, ouatée, sclérosante, le film évolue dans les méandres d'une conscience fragmentaire, perdue entre rêve et réalité. Bientôt, l'esprit tourmenté du héros ne tarde pas à céder, pour révéler une insoutenable vérité.
Mais le vrai sujet de The Machinist n'est tant pas la résolution d'une énigme, par ailleurs très vite éventée, que le corps de Christian Bale. Maigre à faire peur (l'acteur a perdu 30 kilos pour le rôle), aux antipodes de l'image de " cover boy " qu'il donnait jusqu'à maintenant, Bale livre là sa meilleure prestation. Excédant la simple " performance " d'acteur, Bale, dont le corps a toujours constitué un atout et un instrument de travail, parvient à insuffler un vrai malaise, à susciter l'empathie. Paradoxalement, l'acteur gagne " en épaisseur " quand il se dépouille d'une enveloppe corporelle avantageuse qui lui a valu d'être trop rapidement considéré comme un bellâtre, au registre limité.
Certes, l'ossature narrative est aussi fragile que celle du personnage, le scénario malingre, mais ce film à tiroirs permet à un acteur de rencontrer enfin un premier rôle à sa mesure, avant qu'il n'endosse la cape du prochain Batman.