Une Part du Ciel
Réalisé par Bénédicte Liénard
Avec : Séverine Caneele, Sofia Leboutte, Yolande Moreau, Olivier Gourmet
Durée : 1:26
Pays : Belgique
Année : 2001
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Une Part du Ciel met en scène des femmes qui tentent de résister à leur environnement, de prendre l'avantage sur lui. Bénédicte Liénard décrit deux univers en miroir : la prison et l'usine. Dans les deux cas priment l'enfermement, la soumission à une hiérarchie inique, l'exploitation du travail.
Joanna est en prison, pour une raison que l'on ignorera jusqu'au bout du film. Elle se révolte contre les gardiennes, vit des conflits avec ses co-détenues et peine à réfréner ses pulsions violentes et auto destructrices. A l'usine, les ouvrières, qui ont été ses collègues, regrettent de ne pas l'avoir soutenue. C'est encore plus le cas pour la déléguée syndicale qui, au final, ose faire la démarche de témoigner pour elle. Il semblerait que les actes illicites perpétrés par Joanna aient été motivés par ses conditions pénibles de travail à l'usine et la pression de la direction.
Joanna, c'est Séverine Caneele, l'interprète féminine du film de Bruno Dumont, L'Humanité, primé à Cannes en 2000 et qui avait fait scandale. Après un rôle aussi difficile, la carrière de cette actrice semblait compromise. Marquée par cette performance, cette interprète non professionnelle avait pris le risque de ne plus tourner ou d'être cantonnée dans des rôles similaires. Malheureusement, ce film ne lui offre pas la possibilité de sortir du registre naturaliste. A l'instar des personnages féminins du film, tragiques prisonnières, Séverine Caneele reste cloisonnée dans un rôle typé, à la croisée de l'intime et du politique.
Par ailleurs, la réalisatrice ne parvient pas à dépasser son dispositif filmique, c'est-à-dire la mise en parallèle entre l'univers carcéral et ouvrier. La narration est faîte de va et vient entre ces deux mondes, réunis dans un dernier plan où la syndicaliste rend visite à son amie en prison. Engluée par ce seul véritable choix de mise en scène, la fiction patine et ennuie. Pourtant, le film aurait pu être une passionnante incursion dans le monde du travail, notamment en milieu carcéral, la réalisatrice éprouvant visiblement plus de difficultés lorsqu'il s'agit de parler de l'intime.
Sandrine Marques
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