Avec : Suk-kyu Han, Eun-ha Shim, Hang-Seon Jang, Jeong-Ah Yeom Durée : 1:58 Pays : Corée du Sud Année : 1999 Web : Site Officiel

Gore, sombre et doté d'une esthétique stylisée, La 6ème victime est une variation sud coréene sur le thème du tueur en série.

Après la découverte de sacs poubelles contenant des corps démembrés aux quatre coins de Séoul, l'inspecteur Cho (Suk-kyu Han) se lance sur la trace du meurtrier. Durant son enquête, il fera la rencontre de l'énigmatique Chae (Eun-ha Shim) et tandis qu'une relation s'ébauchera entre eux, les cadavres s'accumuleront jusqu'à croiser leur destinée.

Le film de Yoon-Hyun Chang est sorti en 1999 en Corée du Sud, la même année que le blockbuster national Shiri avec lequel il partage la tête d'affiche Suk-kyu Han, dans un rôle identique de policier. Si La 6ème victime ne marque certainement pas par son originalité - on pense irrémédiablement à Se7en - ce sont l'atmosphère étouffante, l'approche visuelle et un goût de l'excès qui en font une œuvre attachante.

Le film ne cache pas son penchant pour le gore et la cruauté qui devraient en choquer plus d'un. Les découvertes de corps sont plus effroyables les unes que les autres autres - en particulier celle avec les enfants jouant dans l'ascenseur - tandis que les meurtres font preuves d'un sadisme certain. Yoon-Hyun Chang bâtit son film autour de la peur psychologique qui contamine la ville et si l'abondance d'hémoglobine traduit son désir de choquer avec une certaine gratuité, elle officie aussi comme un catalyseur de l'horreur chez les personnages comme chez les spectateurs. La plupart des scènes sont ainsi tournées en semi-obscurité et la pluie vient souvent s'ajouter donnant à l'ensemble un air de cauchemar. La photographie est soignée, jouant avec la lumière et les angles pour offrir des plans très stylisés.

Comme souvent dans le cinéma psychologique, le rythme est assez lent et le film a tendance à s'étirer en longueur. Cependant, de multiples retournements de situation - trop peut-être pour ne pas devenir prévisibles - viennent continuellement attiser l'intérêt du spectateur.

Le film aborde aussi des problèmes de société, comme l'assimilation des jeunes filles à des objets sexuels et le traumatisme qui en suit. La relation entre Chae et son père dénonce même un inceste rampant tandis qu'on peut aussi entrevoir une référence à un autre tabou étouffé, l'homosexualité.

La réalisation de Yoon-Hyun Chang manque donc parfois de rythme mais confirme son talent de cinéaste dans la vision qu'il apporte à l'histoire.

Suk-kyu Han et Eun-ha Shim incarnent parfaitement deux êtres meurtris qui s'attirent, et dont le subconscient ressemble à un grand échiquier à dimension humaine dans lequel ils tentent d'exorciser leurs propres démons.

Si La 6ème victime est un petit film de genre, son audace visuelle en fait une œuvre atypique et un valeureux symbole de la diversité cinématographique sud coréenne dont on ne peut que profiter.

  Fred Thom