Pig
Réalisé par Nico B
Avec : Rozz Williams, James Hollan
Durée : 0:21
Pays : USA
Année : 1998
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Né de l'esprit torturé de Rozz Williams, chanteur décédé du groupe gothique Christian Death, Pig est un court-métrage dérangeant et surréaliste qui examine le rituel d'un tueur en série.
Tourné en noir et blanc par Nico B, le film est basé sur un scénario de Rozz Williams qui incarne le tueur et officie en tant que co-réalisateur. L'homme qui porte un masque de cochon emmène sa victime dans une maison abandonnée dans le désert de Death Valley et la torture d'une manière méthodique en suivant les pages d'un livre, Why God Permits Evil.
Au premier abord, Pig est un film répugnant et sordide. Les tortures infligées à la victime interprétée par James Hollan sont réellement perpétrées face à la caméra pour un désir de réalisme qui lorgne dangereusement vers le « snuff movie ». L'attachement de certains organes, le percement des tétons et l'inscription au rasoir du mot « Pig » sur le torse de l'acteur sont difficiles à regarder, mettant le spectateur dans la position choquante de témoin d'un acte monstrueux bien trop réel.
La présence d'images surréalistes confirme toutefois que Pig n'est pas uniquement un exercice sadique totalement gratuit. Why God Permits Evil est l'adaptation artistique et maléfique de l'ancien testament créée par Williams. Le chanteur qui a conçu le film dans le but d'exorciser ses propres démons incarne donc logiquement le tueur et donne libre à court à ses fantaisies sans avoir à subir les conséquences d'un véritable passage à l'acte. Williams se sait la proie d'idées malsaines et en témoigne dans ce film où il tente de se punir lui-même. Au-delà de son propre malaise, il démontre la présence du mal dans l'être humain.
Why God Permits Evil symbolise les diverses représentations du mal présentes dans notre société. Lorsque le tueur grave le mot « Pig » sur le torse de sa victime tout devient clair. Le personnage de Hollan est un martyr dans lequel le tueur se projette. Le serial killer se punit par l'intermédiaire de sa victime et le mot « Pig » fait bel et bien référence au monstre qu'il est. La scène où les visages du tueur et de la victime se joignent sous un même bandage pour ne faire qu'un vient confirmer cette transposition morbide.
Le film est aussi fortement empreint de sadomasochisme et d'érotisme homosexuel. Si la relation entre le maître et l'esclave peut être considérée comme une autre facette de ce rituel fortement ancré dans le fétichisme, l'érotisme homosexuel traduit certains désirs de Williams.
La bande son composée par Williams vient renforcer l'aspect inquiétant et expérimental de Pig, un film amateur qui se situe entre l'art et le documentaire. Une œuvre choquante et dégoûtante dont l'imagerie extrême s'avère une représentation implacable de l'univers dérangé d'un tueur en série et du mal à l'état pur.
A propos du DVD : Editée à seulement 1334 exemplaires, cette édition limitée inclus en particulier une reproduction du livre de Rozz Williams, Why God Permits Evil, ainsi qu'un commentaire audio qui éclaire sur le degré de réalisme du film.
Fred Thom
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