LA CAMARGUE, TERRE DE WESTERNS

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Dès les débuts du cinéma, le caractère géologique de la Camargue et sa proximité géographique ne passèrent pas inaperçus, attirant des cinéastes avides d'y créer l'illusion de terres lointaines, du Mexique à l'Indochine en passant par les grandes étendues de l'Ouest américain.

Tout commence en 1905 avec la venue à Nîmes de Joé Hamman, un cavalier français établi aux USA et membre du fameux Wild West Show de Buffalo Bill. Mettant à profit sa rencontre avec le marquis Folco de Baroncelli-Javon, un manadier qui lui propose d'utiliser son troupeau de taureaux et les gardians dans des films, Hamman revient en Camargue en 1909 pour se consacrer au tournage de westerns. Après son rôle dans Cœur de Tzigane de Jean Durand, on le retrouve, toujours sous la houlette du réalisateur, dans Le Railway de la Mort, Cent Dollars mort ou vif, La prairie en feu et Pendaison à Jefferson City dans lesquels le train à vapeur assurant la liaison entre Arles et les Saintes-Maries-de-la-Mer prend des soudains airs de chemin de fer américain. Réalisateur et scénariste, Hamman produira aussi la série Arizona Bill avec les gardians comme figurants. Le déclenchement de la guerre 1914 -18 mettra fin à ses activités.

Mais l'oeuvre la plus marquante tournée — en partie — dans la région reste à ce jour Le Salaire de la Peur (1952), un western transposé au XXème siècle avec Yves Montand et Charles Vanel. Ce classique de Georges Clouzot tiré d'un roman de Georges Arnaud décrocha la Palme d'Or à Cannes en 1953. Si certaines séquences en camion furent filmées dans le massif de Marseilleveyre et les calanques, au sud de Marseille, le village mexicain fut lui érigé prés de Saliers entre Arles et Saint Gilles, dans les vestiges d'un camp de prisonniers tziganes datant de la guerre 1939-45.

En 1969, alors qu'un nouveau genre, le western spaghetti, embrase l'Europe, Une Corde, un Colt (poster à droite), production italienne avec Robert Hossein et Michèle Mercier, amorce un retour timide du western dans la région. Mais la proéminence des studios italiens et la disparition des chemins de fer de Camargue marqueront la fin d'une ère.

DECORS ANONYMES

Ces dernières années, la Camargue s'est quelque peu effacée, perdant son identité cinématographique pour se fondre dans l'arrière-plan. Dans des genres différents, la région servira de décor à des films aussi divers que Un Homme, une Femme de Claude Lelouch (1966 aux Saintes-Maries-de-la-Mer), Heureux qui comme Ulysse avec Fernandel (1969), Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat avec Marlène Jaubert (1972 aux Saintes-Maries-de-la-Mer), Le Gitan avec Alain Delon (1975), Mondialito de Nicolas Wadimoff avec Emma De Caunes (1999), Rencontre avec le dragon (2003 aux Saintes-Maries-de-la-Mer) d'Hélène Angel avec Daniel Auteuil et Emmanuelle Devos ainsi que quelques téléfilms comme Le Paria avec Charles Aznavour et dernièrement Le Grand Bâtre.

ARLES

Aux portes de la Camargue, Arles semble avoir inspiré, contre toute attente, les cinéastes de films d'action, du nerveux Double Team (1997) de Tsui Hark où Jean-Claude Van Damme, Denis Rodman et Mickey Rourke en décousent au sein de l'arène, à Ronin (1998) de John Frankenheimer avec Robert de Niro et Jean Reno, en passant par Simon Sez (1999), série Z avec Denis Rodman.

On notera aussi, dans un autre registre, La Bostella (1999), une comédie de et avec Edouard Baer autour de la préparation d'une émission de télé, Modialito, ainsi que Deux (2002), un drame de Werner Schroeter avec Isabelle Huppert et Bulle Ogier.

     Madame Claudie Barry-Redon, Directrice de l'Office du
       Tourisme des Saintes-Maries-de-la-Mer.
     Madame Fausti, Musée camarguais,
       Parc naturel régional de Camargue.

     L'Age d'Or du Cinéma en Provence, archives municipales de
       Marseille, 1995.
     Camargue terre de cinéma, Edition Parc naturel de Camargue,
       1984.
     Il était une fois le Western Européen, Jean-François Giré,
       Dreamland, 2002.