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![]() Un détail pourtant suffit à l'éloigner du cliché imposé, invisible -hélas- à l'image : une diction précieuse, affectée, qui, il le dira lui-même dans l'une des premières scènes, fondamentales, du film (" the way I… talk… the way I… phrase en suspend, main en l'air, papillon), le place en marge de la société américaine traditionnelle, l'isole dans une remarquable unicité Flanqué de son Emma Peel personnelle, "Nell" Harper Lee, Capote se perd en spéculation meurtrière et provinciale dans la petite ville de Holcomb, suite à l'assassinat brutal de quatre membres d'une famille respectable. Lors des scènes tournées au Kansas, le couple Hoffman/Keener reproduit à maints égards, le décalage étonnant que Diana Rigg et Patrick MacnNee imposaient à la campagne anglaise). A la fois conscience (bonne comme mauvaise) et meilleure amie (l'anglais best friend rend davantage honneur à cette notion capitale de la culture américaine, une complicité totale, asexuée, à la limite de la fusion), Keener/Harper Lee endosse en martyre le second rôle de cette histoire de littérature où la compétition n'est pas équilibrée : vêtue de noir, très peu maquillée, elle figure la part masculine de Capote, sa force et son miroir implacable. Elle est aussi le symbole d'une littérature populaire, à succès auquel Capote, créateur égocentrique et/ou mégalomane, n'accordera aucune place dans son monologue, tout à son drame intérieur. ![]() Immortalisé par Richard Avedon, illustre photographe de mode dont le noir et blanc contrasté a rendu hommage aux plus célèbres stars d'Hollywood, Capote pose en toute confiance auprès d'un Perry Smith gauche et touchant, dont les tatouages (du moins sur ce cliché-ci, en tout point identique au cliché original) disparaissent sous les manches immaculées d'une chemise blanche. Hoffman, éminence gris rayé et front dégagé, conquérant, fait coulisser le nœud de la cravate qui se refermera irrémédiablement sur le cou de l'autre, dans la scène finale, attendue, espérée par l'auteur : la création du personnage de Perry Smith ne souffre aucun coup de théâtre. La mort incarnée par Capote doit triompher pour que l'œuvre soit accomplie. Réserve des bras croisés chez Smith, tout en retrait viscéral, en timidité mondaine, quand l'écrivain, baignant dans son univers artificiel, devient à son tour menace, capable de vie et de mort sur sa créature. Mise en scène effroyable où la confiance de la victime, yeux rivés sur l'accessoire vestimentaire, bouleverse, tant la manipulation d'une élite nantie, à la recherche de sensations fortes, prend le pas sous couvert d'égalité humaniste sur une classe moyenne défavorisée, docile et terrorisée. ![]() L'extraordinaire délabrement du mur dans son dos, rappel sanglant des meurtres du début (têtes explosées au fusil sur le papier-peint sage d'une maison de campagne), positionne à première vue Capote comme le réel bourreau du film, celui qui "de sang froid" (titre aux multiples sens, il le remarquera lui-même) exécute un être humain pour ses besoins personnels; mais de même que les morts n'ont pas été témoins des taches occasionnées par leur propre sang, Hoffman, de par sa position, ne voit pas le massacre : il en devient à son tour la victime et c'est exsangue qu'il sortira de la publication de ce livre, qui sera, on l'apprend en épilogue, son dernier et plus brillant roman.
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