Eyes Wide Shut
Marketing & campagne publicitaire
Contrairement à l'habituelle stratégie des films estivaux, Eyes Wide Shut n'a bénéficié d'aucun budget colossal destiné à l'envahissement du moindre panneau d'affichage, spot radio ou cornet de frites. Faît rarissime, la publicité du film s'est créée autour du bouche à oreille né des rumeurs sulfureuses entourant son tournage mystérieux.
Un seul mot a servi de fer de lance à la publicité (volontaire ou non) du film: sexe. Et l'intérêt pour le film, plus que pour son réalisateur ou ses acteurs en est né, la question principale demeurant: le film est-il aussi chaud?
La tactique marketing a d'abord été d'habilement laisser les rumeurs les plus folles se propager, permettant ainsi de créer un phénomène d'attente et de curiosité malsaine. On a ainsi pu lire que Cruise avait été aperçu en travesti, que le couple dévoilait ses parties les plus intimes, que leur scène d'amour n'était pas simulée, qu'ils avaient dû engager un sexologue pour leur apprendre à faire l'amour et j'en passe les meilleures..
La deuxième étape a été une bande annonce intrigante amenée par une chanson inquiétante que l'on doit au décidemment chanceux Chris Isaak (on se rappèle de "Wicked Game" dans Sailor & Lula).
Enfin, Cruise et Kidman ont habilement brouillé les cartes, mettant à jour leur relation et se contredisant d'un interview à l'autre, sans pour autant divulguer d'information sur le film autre que leur adoration pour Stanley Kubrick. On a ainsi pu entendre dans un interview que
Cruise n'avait jamais été jaloux de Kidman alors que le suivant le contredisait.
Cette stratégie marketing méritait qu'on s'y attarde. Non seulement, loin de nous assommer de ses $, elle a parcimonieusement su éveiller notre curiosité, et ce en intelligemment tirant avantage de notre curiosité la plus malsaine. Elle a enfin fait appel à une bande annonce artistique qui au lieu de divulguer le film ou ses effets spéciaux a joué la carte de l'envoûtement. Seules ombres au tableau l'ajout de personnages crées sur ordinateur afin de cacher les scènes trop graphiques de l'orgie et ainsi obtenir un R au lieu d'un NC17 (interdit au moins de 17 ans) et l'utilisation du website du film aprés le déces du réalisateur comme auto-publicité pour sa veuve.
Mais le plus important reste la non exploitation du déces du réalisateur comme arme marketing, ce qui redonne un peu d'espoir quant à l'intégrité de certains dans un monde où tous les coups sont permis.
Fred Thom
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