Michael Clayton movie review DVD critique de Michael Clayton



 

 



Michael Clayton review

Michael Clayton / Matrix

:. Réalisateur : Tony Gilroy
:. Acteurs : George Clooney, Tom Wilkinson
:. Année : 2007
:. Pays : USA
:. Site Officiel : Michael Clayton


Sur les thèmes du complot paranoïaque et de l'humanité trompe-l'œil, le très académique et très actuel Michael Clayton n'en reste pas moins une analyse minutieuse du futuriste Matrix, menée par le regard éclairé d'un George Clooney plus vrai que nature.

Quelle que fût la complexité du scénario de Matrix, le film reposait sur un postulat simple : à force de confier le travail aux machines, l'humanité avait perdu le contrôle et subissait à son tour un esclavage impitoyable et aveugle. Une poignée d'individus lucides en révolte, un sauveur christique, une bonne dose de références mythologiques et le tour était joué : la fable écologique prenait et l'on se perdait à admirer l'ingéniosité et l'esprit tortueux des frères Wachowski.

Michael Clayton prend sa source à New-York, autour de buildings aveuglés et dénués d'activité, une ville en hauteur, en tours, futuriste en ce sens que cette scène d'entrée dans le film, doublée par le récit prophétique d'une vision paranoïaque, exclue l'homme et convoque le Destin. Or c'est d'écologie qu'il est question ici, et plus particulièrement d'une firme agro-alimentaire qui exploite un désherbant puissant en choisissant d'en ignorer les effets mortels sur l'homme. La schizophrénie inopportune d'un avocat acharné met à jour la supercherie, que la firme incriminée et le film lui-même, se faisant dans un premier temps l'avocat du diable, tentent en vain de dissimuler. Affaire d'argent ici, à gagner ou à perdre, contre affaire de pouvoir, contrôle ou liberté, dans Matrix, on aura bien compris que l'on parle de la même chose.

Dès lors, les similitudes entre les deux films se révèlent : chez les frères Wachowski, deux pilules colorées permettaient l'une, d'éveiller sa conscience à la terrible vérité, l'autre, de replonger dans l'illusion apaisante d'une humanité normalisée, entretenue par la "matrice" pour tenir les hommes en joug; ici un Michael Clayton homme de main (George Clooney dubitatif) brandit sous le nez de son révolté d'ami avocat les médicaments qui lui permettront de reprendre le contrôle sur lui-même et de revenir à la raison — c'est-à-dire au mensonge sociétal. Bien entendu, Arthur Edens refuse et se perd dans la cité anonyme et indifférente : longs plans de rues où l'avocat en éveil (Tom Wilkinson, halluciné et hallucinant) regarde les Américains pour ce qu'ils sont, des pantins manipulés, jusqu'à son arrivée emblématique devant les écrans géants de Times Square où figurent des spots publicitaires pour la firme criminelle, U-North. Graines, moissons, récoltes sous images de synthèse, une écologie artificielle en Technicolor (pilule bleue? pilule rouge?) : on se souviendra que les machines de Matrix cultivaient l'homme comme engrais lors de longs plans-séquence cauchemardesques sur des moissons humaines. C'était à travers un écran de télévision que Morpheus donnait à voir la vérité à Neo, c'est aussi à travers l'écran de sa propre télévision qu'Arthur Edens, bouclant et rebouclant sur les spots publicitaires de U-North, construit son attaque. Il en mourra évidemment des mains de sbires à la limite de la gémellité, dont les traits sans émotion ne sont pas sans rappeler le visage multiplié de l'Agent Smith / Hugo Weaving. Sacrifié au champ d'honneur, Arthur Edens, héros méconnu pour que naisse le vrai héros du film, le Michael-George Clayton-Clooney qui prend la relève haut-la-main — et de Neo à Nespresso, il n'y a qu'un (risible mais sympathique) pas.

Coup de pouce du Destin? Oracle chez les frères Wachowski contre Parques chez Tony Gilroy : trois chevaux providentiels détournent Michael Clayton de sa route piégée et c'est sous le jugement sévère des animaux silencieux qu'il comprendra les vérités séculaires. Son véhicule explose, c'est le début du film : la suite n'est que flash-back, un sentiment de déjà-vu. Course contre la montre dans une ville tentaculaire : ici le monstre n'a pas besoin de se matérialiser, il est à la fois la ville et ses multiples embranchements, routes et autoroutes; la famille de Clayton et ses ramifications complexes; le cabinet d'avocats qui l'emploie, ses nombreux couloirs et sa fusion prochaine avec une firme londonienne au Cerbère omniprésent. Tout y est jusqu'au terrassement de l'Hydre mythique, Tilda Swinton (multi-facettes et phénoménale) en gros plans successifs, secs, hachés, montrant expression sur expression, scène sur scène, le jeu parfait et professionnel de sa composition et de ses mensonges.

Brutal, efficace, Michael Clayton l'est sans aucun doute : en passant outre tout sentimentalisme et en faisant le lien entre l'horreur économique et l'horreur cinématographique, Tony Gilroy prouve une fois de plus que la réalité dépasse cruellement la fiction.


  Laurent Herrou


    


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