Stephen Fry
L'Hippopotame
Roman mammifère tonitruant
Une affaire de famille
Ted Wallace poète cinquantenaire déchu mais critique littéraire corrosif se fait virer en fanfare de son canard londonien pour insolence intempestive. Célébrant au whisky son expulsion de « Newspaperland », notre érotomane collectionneur de pensions alimentaires retrouve une filleule valétudinaire qui l'entraîne dans une mystérieuse et jubilatoire enquête de famille dans le Norfolk. Débarquant dans la propriété de ses anciens amis avec la discrétion du mammifère auquel le roman doit son titre, il emploie ses talents d'écrivain et d'observateur pour élucider une affaire de guérison post new age à laquelle son second filleul, et poète en herbe, David semble mêlé. Après tout, les parrains sont là pour ça.
Pas si placide que ça
Acteur aux multiples talents, hilarant et fort bien éduqué, Stephen Fry (Gosford Park, Oscar Wilde) signe là son deuxième roman qu'il aura fallu attendre quatre ans avant qu'il ne soit enfin traduit. Depuis Mensonges, mensonges, il n'a pas perdu la plume qu'il trempe souvent dans l'arsenic à défaut de faire dans la dentelle : réjouissant et inventif, le récit s'accommode très bien d'un mode épistolaire intermittent qui fait la part belle au taillage de costard auquel Fry excelle. Aucun des protagonistes, candidats au miracle ou jeune mystique à la puberté florissante, ne seront épargnés par la verve jubilatoire de Ted Wallace, grand mécréant et pourfendeur de bonnes manières devant l'Eternel. Supercherie fumeuse ou prodige de la foi, notre hippopotame, animal pas si placide que ça fera éclater la vérité. Drolatique de bout en bout. On en redemande.
Corinne Le Dour-Zana
Stephen Fry : Rescuing the Spectacled Bear
Gosford Park
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