critique littéraire du nouveau livre de Stephen FryStephen Fry Rescuing the Spectacled Bear






Stephen Fry : Rescuing the Spectacled Bear










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Stephen Fry
Rescuing the Spectacled Bear

L'ours Pod-dington ou la vraie histoire du Connecting people

Observez bien ces deux géants dans leur hamac respectif. Chacun à sa manière incarne un trésor national et une espèce en voie de disparition. Comme toute créature fascinante qui se respecte, les contradictions ne manquent pas : en bas, un ours sud-américain aux yeux cerclés de blanc, dont l'énergie musculeuse cache en réalité un être placide et joueur, se nourrissant quasi exclusivement de baies et de fruits (notez toutefois une prédilection pour la pastèque). En haut, un gentleman du Norfolk, dont les talents de romancier, de conteur et d'acteur n'ont rien à envier à un spectaculaire sens de l'humour ou à des habitudes grégaires qui ne lui font quitter que très rarement le confort champêtre et humide de son habitat naturel.

En dehors de leur gourmandise commune, ces deux-là avaient donc bien peu de chances de jamais faire connaissance n'était la formidable détermination dont l'homme est capable pour servir, encore parfois, quelque noble cause. En l'occurrence Nick Green, un jeune producteur de documentaires de Café Productions associé à la BBC et une foultitude d'hommes et de femmes des deux hémisphères animés par leur seule bonne volonté.

Aux origines de ce périple zoologique et amoureux que retrace l'hilarant journal de bord de Stephen Fry, un film produit par l'estimable chaîne de Sa Très Gracieuse Majesté sur la généalogie sud-américaine d'un ursidé non moins illustre : Paddington. Mais oui, l'ours au chapeau rouge et au duffle-coat bleu désormais vintage, adopté par la famille Brown et dont « le biographe officiel » Michael Bond fait la joie des petits et grands depuis presque quarante ans. Hé bien, sachez incultes lecteurs — dont je faisais partie jusqu'à cette lecture revigorante — que Paddington, en dépit de son addiction frôlant l'overdose pour la marmelade d'oranges, est natif du Pérou. Il semblerait, qu'après lui avoir enseigné l'anglais et les bonnes manières, sa bonne tante Lucy, trop âgée pour veiller sur lui et inspirée par le succès de Winnie the Pooh, ait décidé qu'il était temps pour notre jeune ami de s'embarquer vers la perfide Albion.

Outre avoir exploré le monde entier, décodé Enigma et fait connaître les joies simples d'un bon Orange Pekoe accompagné de muffins, les Britanniques sont les maîtres incontestés du documentaire animalier et géographique. Le secret de la recette : un mélange subtil de curiosité, d'intelligence et de politesse (culpabilité des anciens grands empires coloniaux ?) et un présentateur célèbre servant à la fois de liant et d'appât audio métrique. Rappelez-vous le merveilleux tour du monde de l'ex-Monty Python Michael Palin. C'est un peu la même chose, les serpents à sonnette en moins et les ours en plus.

Résumons-nous : nos valeureux camarades britanniques alliés à quelques homologues péruviens partent vers la frontière bolivienne, à la recherche du village de Paddington, où son oncle Pastuso tenait une buvette pour les chercheurs d'or. De là, ils repartent vers le port de Lima où, quarante ans plus tôt, muni de cinq pots de marmelade, notre courageux petit ours s'embarque clandestinement sur l'un des canots de sauvetage du cargo KARENIA. Direction le canal de Panama, les Caraïbes, l'Atlantique sud puis Nord, arrivée à Southampton, puis escale à Oxford pour un ravitaillement d'urgence en confiture d'oranges. Un dernier voyage en train jusqu'à la gare de Paddington achève ce deuxième baptême, la providence lui faisant également rencontrer sa future famille d'adoption.

Le succès de cette enquête et du film suffirent à convaincre les producteurs de Paddington, the Early Years de se lancer dans une seconde mais non moins périlleuse aventure, destinée cette fois-ci à protéger les derniers ours à lunettes d'Amérique du Sud, dont un jeune spécimen, nommé Yogi, avait déjà fait l'objet d'un sauvetage lors du premier voyage. N'écoutant que son courage, notre brave Fry, équipé de son « kit Indiana Jones » et ainsi transformé en aventurier de l'ours perdu, s'embarque pour une formidable entreprise écologique qui lui fera sillonner en hélicoptère, en train et en bateau à vapeur sans doute l'un des plus beaux pays du monde.

Imaginez un territoire cinq fois plus grand que l'Angleterre mais dont la population n'en atteint pas même la moitié et dont les paysages sont les plus variés de la planète : le Pérou réunit à lui seul 83 des 103 écosystèmes répertoriés de par le monde. 10 % des espèces mondiales d'oiseaux habitent sa forêt tropicale, le reste du pays alternant plages paradisiaques, déserts, vallées luxuriantes et montagnes enneigée dressées vers le bleu d'un ciel qui n'est troublé que par le vol des derniers condors.

Sur les traces de nos sauveurs d'ours, vous découvrirez la fabuleuse variété de la flore et de la faune péruviennes, le lac Titicaca, l'Amazone et le fascinant site archéologique du Machu Pichu — merveille d'ingéniosité inca inconnue jusqu'en 1911 — dont le mystère n'est toujours pas éclairci. Vous apprendrez que les feuilles de coca ne servent pas qu'à ruiner les comptes en banque et les sinus occidentaux mais aussi à améliorer les capacités respiratoires des Indiens vivant à des altitudes auxquelles vous et moi ne survivrions pas plus de trois minutes.

Vous apprécierez avec le señor Fry la beauté et la générosité des Péruviens mobilisés pour sauver leurs ours. Vous vous étonnerez des ressources humaines d'un pays sur lequel s'abattent régulièrement les 10 plaies d'Egypte et règne la maladie du bakchich sud-américain. Enivrés par le pisco, la jungle bruissante et les couleurs de cette terre fertile où même un crayon à papier planté y ferait pousser des fleurs, vous serez, yeux écarquillés, ébahis par la beauté et l'humanité du Pérou.

Et quel meilleur guide que l'épicurien Stephen Fry ? Sa non adaptation pathologique au climat tropical, son sérieux et sa modestie constituent la preuve la plus éclatante que la bonne volonté et l'humour sont universels. Greffé à son MAC, ce professionnel de la fiction, amateur de mensonges (voir son premier roman The Liar — Mensonges mensonges) à la verve inimitable démontre encore une fois que les plus belles histoires sont vraies.

Sachez que vous n'aurez pas fini de sourire après avoir vu les museaux de Yogi et de Paula s'unir dans un baiser augurant d'une future et, nous l'espérons, nombreuse progéniture.

Alors à tous ceux qui ont raté les deux films diffusés sur la BBC mais sont toujours en quête de leur BA annuelle, la Plume Noire vous recommande chaleureusement le livre de Stephen Fry, illustré des somptueuses photographies de Rob Fraser dont le produit de la vente est reversé à la fondation pour les ours à lunettes du Pérou.

Comme dirait Michael Bond : "Please look after this bear"

  Corinne Le Dour-Zana

     Pour plus d'information : www.bear-rescue.tv

     Stephen Fry : L'Hippopotame
     Gosford Park





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