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Black Rebel Motorcycle Club : Take Them On Your Own











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Black Rebel Motorcycle Club
Take Them On Your Own

Genre : Rock
Année : 2003
Pays : USA
Site Officiel : Black Rebel Motorcycle Club
Détails : Titres & Extraits
Label : Virgin Records
Avant de devenir une simple attraction, voire le sujet de plaisanteries moqueuses, ces bandes de mauvais garçons aux noms diaboliques représentaient une menace réelle pour la sécurité et l'ordre publics. Elles furent synonymes de peur et de danger au cours d'une période tumultueuse qui vit quelque chose changer irrémédiablement pour une génération de cette société américaine d'après-guerre qui ne se refusait rien. Tels des cow-boys d'un temps nouveau, ils furent dépeints dans des films de qualité inégale et dans quelques films cultes comme Easy Rider et L'Equipée Sauvage. De nos jours, les motards sont souvent assez peu différents de vous et moi et faire de la moto se rapproche plus d'un passe-temps inoffensif que d'un mode de vie périlleux ; de nos jours, on s'ennuie et se complaît facilement dans son propre confort. Dans ce contexte, nombre d'artistes rock se révèlent ainsi bien plus fades que ces stupides pop stars pour ados. Mais confort et conformisme ont leurs failles et, bien cachés au milieu de ces CD que vous pourriez jeter sans le moindre regret, se trouvent parfois quelques bons disques de rock 'n roll.

Parmi le nombre surprenant de choses intéressantes que l'année 2000 nous a livrées, le premier album de BRMC brillait d'une flamme qui lui était propre. BRMC parvenait à produire quelque chose d'inhabituel en partant d'un héritage qui couvrait les trente dernières années du meilleur du rock 'n roll. Ils prirent la distorsion des groupes psychédéliques, la densité mélodique écrasante du shoe-gazing, les rythmes sur-vitaminés du rock 'n roll et la violence du punk pour accoucher d'un résultat d'une cohésion stupéfiante.

Pourtant, les BRMC ne sont pas une horde de motards pervers, même s'ils peuvent effectivement représenter une menace face à la platitude pénible de la scène actuelle. Ils évoluent dans une sphère d'une rage qui n'a d'égale que sa classe hallucinante, comme si ces types cherchaient à compenser leurs airs d'épouvantails à travers un son qui réussit le tour de force de rester élégant dans ses moments les plus durs et de conserver une originalité malgré des influences évidentes.

Dès le début de l'album quand Robert Turner lance ses premiers mots dans « Stop : We don't like you ; we just want to try you. » (Littéralement : « On ne vous aime pas ; on veut juste voir ce que vous valez »), sa voix est naturelle et parfaitement posée, la guitare est langoureuse et crasseuse à souhait et l'ensemble mélodique monte progressivement en puissance pour conférer au morceau une densité diabolique malgré ses riffs entraînants. Je vais me répéter, mais la plupart du temps cet album parvient à s'affirmer tout en rendant hommage à de prestigieux aïeuls. « Six Barrel Shotgun » est un morceau au rythme dur qui semble habité de la même rage primale qui caractérisait les Stooges ou le MC5 avec sa ligne de batterie absolument fracassante et une ligne de chant presque intimidante. Le feedback pyromane de « Kill the US government » vous conduit à un épilogue désespéré et extatique qui renforce l'ironie utopique contenue dans le titre. « Rise or Fall » est une montée d'adrénaline caractérisée par un riff de batterie excellent qui s'avère être un des meilleurs éléments de tout l'album. On trouvera également quelques plages calmes moins incendiaires, mais tout aussi irrésistibles. « Shade of Blue » instaure une ambiance hyper sombre et se révèle comme le moment psychédélique le plus réussi des BRMC, à l'instar de « Suddenly » et sa ligne de synthé très noire. Ils se lâchent encore plus sans atténuer l'émotion avec « Ha ha high babe », une chanson mid-tempo savoureuse qui ne souffre pas de sa propre simplicité.

Vouloir montrer tout ce qu'on sait faire peut s'avérer problématique, surtout quand on touche de tous les instruments et qu'on est un génie des studios. C'est peut-être cette volonté qui fait de ce disque une galeries d'essais courageux qui, parfois, pèchent de ne pouvoir s'extraire de leur propre carcan, frisant ainsi la caricature. Quelques fins de morceaux sont assez interminables et expriment une baisse d'intensité qui semble trahir un déficit de conviction. « We are all in love » ne décolle jamais vraiment et s'étiole presque sans fin, dépourvu du caractère qui habite les autres productions des BRMC. « And I am aching » reste une ballade longuette et parfois un peu niaise alors que « Generation » ressemble à un moignon d'effort psychédélique alourdit d'une voix pseudo-sépulcrale en arrière plan que je qualifierais sans mal d'élément le plus regrettable de l'album (franchement, c'est quoi ce truc ?). Le groupe refuse tellement la simplicité dans son approche que cela en vient paradoxalement à créer un obstacle à sa musique, l'empêchant d'atteindre son maximum. Malgré tout, les bons moments passent si bien qu'ils déjouent toute recherche trop préconçue et au final, ce disque reflète une consistance indéniable qui s'appuie sur le potentiel des BRMC à savoir s'aventurer plus loin dans des contrées risquées et à canaliser les forces explosives qu'ils déchaînent. Le groupe semble se consolider à travers un album vraisemblablement de transition qui ne peut que le mener vers encore plus de prises de risque ambitieuses et téméraires.

  Douglas Coronel-Bernal
  Traduit de l'anglais par Julien Duplan

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