Alors que tout espoir d'un retour de la noisy pop semblait bel et bien s'être évaporé, B.R.M.C et ses guitares acérées viennent subitement raviver la flamme d'un rock "bruitiste" dans la grande tradition des Jesus & Mary Chain et du Velvet Underground.
Basé sur Los Angeles, B.R.M.C (ou Black Rebel Motorcycle Club, nom du gang de bikers de Marlon Brando dans The Wild One) allie guitares distordues et acoustiques, voix écorchée et frappe lourde. A travers sa musique aux influences évidentes, le groupe proclame ouvertement son appartenance au mouvement noisy et son héritage psychédélique. Les guitares aiguisées et sales évoquent évidemment William Reid et Lou Reed, tandis que la voix a des intonations très Jim Reid et que la batterie se fait l'écho du style primitif de Moe Tucker. Joy Division, Killing Joke et les débuts d'Oasis viennent aussi à l'esprit à l'écoute de ce disque. B.R.M.C. n'est pas pour autant un clone sans talent se contentant de copier. Le groupe a la fougue de sa jeunesse, et sa démarche qui se veut authentique avant-tout, n'a pour but que de reprendre le flambeau de ses illustres prédécesseurs et de perpétuer la tradition d'un rock sauvage aux antipodes des productions aseptisées du moment.
Avec son mélange de guitares acoustiques et saturées, le single "Love Burns" rappelle la période Psychocandy des Jesus & Mary Chain et offre un hymne imparable. "Red Eyes And Tears" continue sur la lancée, injectant des sons de guitares très américains. Le furieux "Whatever Happened To My Rock 'N' Roll" flirte avec le "Rock 'N' Roll Star" d'Oasis et semble pointer du doigt les groupes qui ont vendu leur âme pour le succès commercial. Le rythme ralentit sur le psychédélique "Awake" tandis que "White Palms" est supporté par de puissantes basses saturées. "As Sure As The Sun" est un morceau lancinant et classique alors que "Rifles" a la noirceur de Killing Joke. Le doux "Too Real" a une pointe de Beatles. "Spread Your Love" vient alors propager sa fièvre dans le style "White Light" du V.U. "Head Up High" est une belle ballade noisy et envoûtante. L'album se termine sur une autre ballade, "Salvation", qui n'aurait pas dépareillée sur le Stoned And Dethroned des frères Reid.
On se rappelle comment le noisy rock, à l'origine anglais, était venu se ressourcer dans les racines américaines du rock. Avec l'excellent Black Rebel Motorcycle Club, B.R.M.C reprend logiquement là où les anglais s'étaient arrêtés et revitalise un genre moribond. Espérons que B.R.M.C réveille de leur léthargie les groupes auxquels il rend hommage.