Oh ! Erasure, où l'amour s'est-il donc envolé ? A une époque où les années 80 reviennent à la mode, de la recrudescence de groupes « clones » au retour des idoles d'antan, la position d'Erasure est unique en son genre. A la différence de certains groupes comme Depeche Mode qui ont traversé les années 90 avec une certaine grâce, Erasure est passé plutôt inaperçu hormis pour la diffusion de leurs vieux hits à la radio de temps à autres.

Other People's Songs conjugue la voix polie d'Andy Bell aux textures synthétiques de Vince Clark qui ont été légèrement remises au goût du jour avec quelques touches techno. Si le groupe y reprend des artistes aussi divers qu'Elvis Presley et le Boggles, le manque d'audace au niveau du son fait de cet album plus un objet de curiosité qu'une de ces œuvres incontournables.

La reprise de « Solsbury Hill » de Peter Gabriel est sans aucun doute le meilleur moment de ce disque. « Everyday » a aussi été « erasuré » avec un certain succès tandis que cette nouvelle version de « Can't Help Falling in Love », un hit du King repris à l'infini, s'avère assez touchante pour convaincre l'auditeur.

Mais c'est alors que le kitsch commence. Si la démarche est probablement empreinte d'ironie et de second degré, le résultat relève cependant plus du karaoké. Il suffit d'écouter les claviers sur « True Love Ways » de Buddy Holly ou cette énième version de « You've Lost That Lovin' Feelin' », single des Righteous Brothers qui avec le temps est devenu suranné. « Video Killed The Radio Star » s'avère un choix étrange d'autant plus que le morceau ressemble à une photocopie de l'original. Si « Walking in the Rain » est aussi quelque peu démodé, c'est toutefois un choix intéressant qui ne dépareillerait pas dans la playlist de Jack de Will & Grace.

Erasure n'a certainement rien perdu de son talent quant à la peinture d'arcs-en-ciel musicaux chaleureux, mais il est peut-être temps d'abandonner ces couleurs criardes pour des tons plus nuancés.

  Anji Milanovic