Malheureusement la suite tant attendue du brillant Clandestino de Chao n'est pas à la hauteur de ses promesses. Apparemment, le musicien a décidé d'abandonner des paroles introspectives au profit d'une apologie des plaisirs de la marijuana et de samples FM. Bien sûr, écrire des textes intelligents et chanter en français, anglais, espagnol, portugais et allemand (?) n' est pas une mince affaire.
L'album est une collection de morceaux inachevés qui auraient pu servir de faces B à une poignée de Maxi singles. Il pousse même le vice jusqu'à réutiliser certains instrumentaux de Clandestino. Si "Mr. Bobby" sonne étrangement comme "Bongo Bong", ce n' est pas le fruit du hasard puisque c' est effectivement le même morceau. Un fait troublant puisque l'artiste est trop jeune pour être à court d'inspiration et qu' il ne manque ni d'originalité ni de créativité. Plutôt que de faire l'éloge de Bob Marley, il devrait s' appliquer à reprendre "Redemption Song" la prochaine fois.
Chao jette son penchant sur le reggae auquel il ajoute du ska, des rythmes cubains et des arrangements à la Beck. L' utilisation d'échantillons de sonneries de porte et de téléphones ainsi que les emprunts à des dessins animés tourne, hélas le plus souvent, au ridicule au lieu d'apparaître comme un trait de génie.
Le disque n'est pas pour autant dénoué de tout mérite. "Merry Blues" est un morceau reggae assez fun tandis que "Bixo" est entraînant. "Me gustas tu" est une mauvaise blague avec ses paroles franco-espagnoles qui disent "J' aime les avions, je t' aime, j' aime voyager, je t' aime, j' aime la marijuana, je t' aime, et cetera".
"Denia" est une des chansons les plus émouvantes. L' intelligent et tendre anglo-français, "Le Rendez Vous" est assez sentimental. Sur "Papito", Chao laisse échapper le chimpanzée qui sommeille en lui tandis que "Homens" est un intéressant rap en portugais avec Valeria.
Ni transcendant ni profond, Próxima Estación...Esperanza ressemble à une plage en hiver. Espérons que la prochaine fois nous aurons besoin de crème solaire.