Genre : Rock Année : 2003 Pays : USA Site Officiel : Radiohead Détails : Titres & Extraits Label : Capitol Records

L'arrivée d'un nouvel album de Radiohead est toujours un événement en soi, tant la démarche artistique et sans concession du groupe d'Oxford est singulière dans un monde musical où « l'apparence » est bien plus prisée que le talent.

Si la majorité des critiques s'est, à l'occasion de la sortie de Hail to the Thief, empressée de disserter sur le degré, plus ou moins attendu, de bizarreté de cet opus, la musique de Radiohead ne doit pas être « mesurée » en terme d'académisme mais plutôt jugée sur sa beauté formelle ; Radiohead, version light existe d'ailleurs déjà, sous le nom de Coldplay.

A l'image d'une peinture abstraite, leur musique, abrupte au premier abord, se décrypte lentement pour enfin se faire apprécier. Tout est question de composition et de texture — ici entre rock, électronique et accoutisque — desquelles se dégage, après une période d'incubation certaine, une beauté — des harmonies envoûtantes amenées par la voix de Tom Yorke.

L'aspect visuel est en phase avec leur musique, comme leurs pochettes en témoignent, étranges et codées (ici une carte de mots). Hail to the Thief a été enregistré à Los Angeles, ce qui transparaît dans l'atmosphère de l'album. Sur certains morceaux, « Where I end You begin » en particulier, on aurait presque l'impression de rouler sur la 101, downtown LA.

Si certains moments comme « 2+2=5 » et « Sail to the Moon » rappellent OK Computer et même Pablo Honey — la ballade accoustique « Go to sleep » —, l'ensemble est dans la continuité de Kid A, avec une technologie cette fois apprivoisée — « Backdrifts », « The Gloaming » — mais parfois inquétante — « Myxomatosis ». Et puisqu'on parlait de Coldplay, Radiohead vient s'y frotter avec « We suck young blood » et « I will ». Le single « There There » est probablement le morceau qui résume le mieux, Hail to the Thief, beau mais brut, harmonieux sans pour autant céder à un refrain racoleur.

Arrivent « A Punchup wedding », « Scatterbrain » et « Wolf at the Door », et il ne fait aucun doute que le groupe qui a écrit Pablo Honey est bien le même auquel on doit Kid A ; Radiohead n'a rien perdu de son sens mélodique.

  Fred Thom


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