Assaut
Réalisé par Jean-François Richet
Avec : Ethan Hawke, Laurence Fishburne, Drea de Matteo, Maria Bello
Scénario : John Carpenter James DeMonaco
Titre Original : Assault on Precinct 13
Durée : 1:49
Pays : USA
Année : 2005
Site Officiel : Assaut
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JF Richet réussit son film américain mais rate le remake de Assault, splendeur inquiète et abstraite de John Carpenter. Si l'on devait envisager la production de JF Richet indépendamment de son modèle d'origine, elle n'aurait à rougir de rien, bien au contraire. Efficace, tendu de bout en bout par l'énergie qui traversait Ma 6-T va cracker, le film se déploie selon une morale de l'insurrection propre au cinéaste. Très rapidement, la menace s'incarne et se matérialise, à l'opposé de la mouture originelle de Carpenter, inspirée, comme on le sait par Rio Bravo et La Nuit des Morts-Vivants.
Un commissariat, sur le point de fermer ses portes, est assiégé le soir du nouvel an par une escouade de flics ripoux que l'arrestation d'un gros bonnet menace. Face à l'attaque violente venue de l'extérieur, flics et prisonniers sont contraints de s'unir.
Richet revisite les polarités bien/mal, sans atteindre à la profondeur de Carpenter, chez qui tout est affaire de morale et d'honneur, selon une tradition héritée du western. En somme, se joue ici une affaire d'hommes, trait commun aux deux cinéastes, mais qui n'empêchait pas l'émergence de personnages féminins forts dans la version première. Chez Richet, exception faite de Drea de Matteo (sortie de la série Les Soprano), les femmes jouent les utilités.
Pour autant, le film ne se recentre pas autour du couple antinomique, mais néanmoins complémentaire, formé par le commissaire (Ethan Hawke) et le gangster (Laurence Fishburne), mais bien dans la lutte acharnée qui se livre avec l'extérieur. Le danger est bien la Loi ici, incarnée par les policiers corrompus. Richet prend encore pour cible les flics et exhorte à la désobéissance et à l'incivilité. Son adaptation s'agrémente de trouvailles scénaristiques qui tendent à imposer une marque de fabrique personnelle. Pourtant, ses héros manquent cruellement de charisme, à commencer par Fishburne, sauvé par la mise en scène électrique de Richet.
Le cinéaste privilégie les scènes d'action et s'en sort avec un film honnête, rondement mené, mais élagué de toute dimension mythologique. Néanmoins, Assaut se révèle un thriller prometteur pour la carrière américaine d'un cinéaste tout à la fois intègre et intégré, dans un système réputé vampirique.
Sandrine Marques
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