critique de Bobby
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Buté, le cinéaste s'entête dans la fresque chorale en cooptant chaque élément de sa mosaïque éclatée à une figure stéréotypée. Le résultat est un chapelet d'instants contigus et dévoyés, finissant plus par traumatiser la mémoire cinéphilique des spectateurs (Short Cuts, Magnolia…) que les consciences civiques croupies. Bobby ne trouve jamais sa tonalité propre, préférant délayer ses ambitions sémiologiques, discursives ou politiques dans un tissu sociétal frelaté car inconsidérément lustré. Résultat, ce pensum se fait asthmatique avant de friser l'aporie dans un final lacrymal et peu lisible. La flaccidité de l'ensemble culmine avec la non représentation du candidat, réduit à une silhouette. Si l'on excepte William H. Macy ou Freddy Rodriguez se déploie une kyrielle de caractères falots portés par un casting pléthorique, quoique engoncé et peu en verve. Ce huis clos achoppe sur le hiatus d'une trinité entêtante et coercitive : réalité/documentaire/fiction. Ainsi le réalisateur invoque et subsume, à l'instar de The Queen ou Le Caïman, des images télévisuelles d'archives à la matérialité déclinante comme autant d'intermèdes réels. Représentations exsangues et spectrales, elles émergent en un populisme d'outre-tombe, magnifiant l'apparatchik dans des postures de sentinelle progressiste. Enfin, survient la rencontre du dirigeant en devenir avec le président de fiction démocrate par excellence - Martin Sheen (The West Wing) - dans les boyaux phagocytaires du mythe, les cuisines terminales. Entre promesses de campagne enfiévrées et fin de mandat sereine la boucle est ainsi bouclée, digérée.
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