Bowling for Columbine
Réalisé par Michael Moore
Avec : Michael Moore, Charlton Heston, John Nichols
Durée : 2:00
Pays : USA
Année : 2002
Web : Site Officiel
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Attention, brûlot ! Le chantre de l'anti-mondialisation, auteur du décapant The Big One, revient en force avec ce documentaire consacré aux armes à feu aux Etats-Unis. Avec ce nouvel opus inspiré, Michael Moore s'impose définitivement comme le poil à gratter d'une société américaine schizophrène, de plus en plus déboussolée, particulièrement au lendemain des événements du 11 septembre.
En moraliste qu'il est (et parfois aussi en moralisateur, ce sont là les rares limites de son film), Michael Moore dresse un portrait au vitriol de ses contemporains, hantés par un désir sécuritaire qui les pousse à s'entourer d'armes à feu. Or, on le sait, c'est aux Etats-Unis qu'il y a le plus grand nombre de tués par balles. Ce pays s'est fait aussi une autre spécialité : le mass-murdering ou carnages souvent perpétrés par de très jeunes gens, mineurs la plupart du temps.
Fil rouge de son documentaire, le massacre du lycée de Colombine, Colorado. Deux élèves avaient ouvert le feu sur leurs camarades avant de retourner leurs armes contre eux, plongeant le pays tout entier dans la stupéfaction et l'horreur. C'est l'occasion pour Michael Moore, originaire de l'Etat du Michigan, de livrer une réflexion plus globale sur la violence aux Etats-Unis.
Dans une ouverture haletante, il rappelle que ce sont les Etats-Unis qui ont armé le bras des terroristes qu'ils combattent aujourd'hui. Puis, il s'interroge sur les raisons de cette violence. Est-ce le rock'n roll ? (rencontre avec le chanteur Marylin Manson), les films violents ? l'histoire ? Non, la peur tout simplement. Moore procède de manière scientifique tout au long de son film, c'est-à-dire qu'il émet des hypothèses, puis s'emploie à les vérifier en collectant différents témoignages. Citons, parmi ceux-là, celui du frère d'un des terroristes d'Oklaoma City, extrémiste décérébré dont la ferme servait de lieu de fabrication à des bombes "artisanales".
Si l'on rit beaucoup des provocations de Moore, de l'absurdité qu'il met en scène (par exemple, la banque qui propose, en guise de cadeau pour l'ouverture d'un compte, un fusil !), le ton reste indigné. Nous retiendrons la séquence où de jeunes rescapés du massacre de l'Université de Colombine, accompagnés de Moore, demandent à un grand magasin de ne plus vendre de munitions. Après avoir été poliment congédiés, Moore revient avec la presse et obtient, contre toute attente, la promesse d'un retrait total des munitions des ventes, sous trois mois. Une victoire bouleversante qui contraste avec la violence des scènes du massacre de Colombine, données à voir au spectateur grâce aux caméras de vidéo surveillance. Relevons encore la confrontation avec l'acteur Charlton Heston, leader du lobby des armes à feu (la NRA, National Rifle Association), confondu par un Moore qui a eu l'audace de prendre une carte de membre à vie de la dite association !
A voir de toute urgence, pour se convaincre, si besoin était encore, que c'est une Amérique du chaos qui est la première puissance du monde.
Sandrine Marques
Fahrenheit 911
Sicko
Elephant
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