L'été 2000 a été long et aride—cinématographiquement parlant. Mel, Tom, et Nick étaient sensés assurer les gros frissons avec leurs drapeau américain, missions impossibles et autres voitures de sports. Pourtant c'est bel et bien un univers de glaise qui a suscité les passions, des volées de spectateurs se découvrant une passion soudaine pour une bande de poulets.

Le duo anglais, Peter Lord et Nick Park, créateurs de Wallace & Gromit s'est allié à Dreamworks pour nous présenter une film créatif et touchant sur le petit monde des poulets.

Le scénario est des plus simples: Mr et Mme Tweedy (à laquelle la cruelle Miranda Richardson prête sa voix) dirigent un poulailler, ou plutôt un goulag entouré de fils barbelés dont la règle est que les poules qui ne pondent plus assez d'oeufs finissent à l'abattoir. Heureusement, Ginger la rebelle (Julia Sawalha d'Absolutely Fabulous) est là pour élaborer de multiples plans d'évasions. Entre en scène Rocky (Mel Gibson), l'auto-apointé "Lone Free Ranger", un coq de cirque avec un penchant pour les jolies poulettes. Celui-ci prétend savoit voler afin que Ginger le cache contre son expertise et entraînement. Les "classes" des poulets sont un régal. On devinera vite le secrêt de Rocky. Les coqs, tout comme les cochons ne savent pas voler! La tension monte tandis que Mme Tweedy travaille sur son nouveau projet, une machine à faire des tartes au poulet qui signifie la fin de toute la basse-cour. S'en suit une impressionnante séquence d'action où Ginger doit échapper à la terrible machine.

Vous éprouverez une réelle affection pour les personnages. La détermination de Ginger est balancée à la perfection par la "lenteur" de l'idiote du village (Jane Horrocks de Little Voice). Fowler, le vieux poulet de la RAF apporte la touche Grumpy Old Men. Le Rocky de Mel est amusant avec son arrogance joueuse qui rappèle Thomas O’Malley, le chat de goutière des Aristocats. Disney devrait prendre des notes, la plupart de leurs dessins animés étant maintenant sacrifiés à des chansons mielleuses.

Le film abonde de situations cocasses et delicieux échanges entre anglais et américains. Rocky est le typique arrogant américain au grand coeur qui fait rire et danser tout le monde mais ne peut arriver à ses fins tandis que Ginger est une anglaise optimiste et réalistique qui dit ce qu'elle pense mais a du mal à diriger les masses. Leur dualité, comme leur romance, donne au film son essor. On remarquera aussi la fascination anglaise pour les nains de jardin (tout comme dans The Full Monty) et leur amusante contribution artisanale.

Les scènes d'action sont plus captivantes que prévues. La fuite de l'horrible machine à tartes (une petite merveille) s'avère même plus effrayante que les immenses vagues de The Perfect Storm.

Un bon sens de l'humour relayé par de sympathiques volatiles ne manquera pas de vous combler.
Bien qu'enfantin, le film satisfiera les petits comme les grands. L'émotion dégagée par ces êtres de terre sera appréciée de tous. L'histoire est aussi simple que la plupart des films estivaux, mais le film est fait avec du coeur avec une attention particulière au détail au lieu de viser le trés convoité portefeuille du spectateur.

Chicken Run est assez convaincant pour faire de tous des végétariens et vous fera plus respecter son combat pour la liberté que The Patriot ne le réussira jamais.

  Anji Milanovic