Braveheart rencontre Independance Day dans The Patriot, film d’aventure situé à l’époque de la révolution américaine; et pas seulement parce que le réalisateur n’est autre que Roland Emmerich (ID4, Godzilla), et que son acteur principal est Mel Gibson. Maleureusement, Roland Emmerich n’est pas Mel Gibson et Mel Gibson n’est pas Godzilla: sa rage et ses larges épaules ne suffisent pas à supporter un film qui ploie sous le poids d’une histoire aussi mélodramatique.
Mel Gibson incarne un ancien héros de guerre qui, veuf, n’aspire qu’à élever sa famille nombreuse dans la plus grande quiétude. Mais la cruauté d’un officier anglais contre ses enfants le pousse à reprendre les armes et à monter une milice.
Si il est vrai que les films de guerre se caractérisent par des scénarios conventionnels, la prémisse de The Patriot ressemble à s’y méprendre à une transposition de Braveheart pendant la guerre d’Indépendance. Et c’est exactement ce qu’est le film: une tentative de récupération du succés de l’epic écossais tout en aguichant le box office US en jouant la carte du patriotisme. Et c’est bien dommage pour Roland Emmerich qui avait l’opportunité de redorer son blason avec une période intéressantece que ses monstres et aliens en tout genre ne pouvaient lui apporter.
Malheureusement, le projet était perdu d’avance à cause d’un scénario trop laborieux. Celui-ci est si mélodramatique et tortueux qu’il ferait passer n’importe quel soap pour le plus minimaliste film Dogma. Alors que le premier meurtre était suffisant pour justifier l’engagement de Gibson dans le conflit et sa soif de vengeance, le destin continue à s’acharner contre lui tout au long du film, comme un téléfilm sans fin. Et si cela ne suffisait pas, l’histoire débale tellement de clichés éculés qu’il est difficile de ne pas croire que le film est construit comme une compilation de classiques du genre afin de fournir au spectateur tous les frissons et émotions auxquels il s’attend. The Patriot est en fait construit comme un véhicule marketing afin de conquérir le box office. Et il n’y a aucun doute sur sa réussite en la matière. L’importance donnée aux enfants (ils sont même amenés à tuer des méchants!), aux femmes et aux minorités (une sous-histoire peu convaincante sur le racisme semble avoir été ajoutée à la dernière minute) rend d’auatant plus évidente la démagogie du scénario. Le film se veut fédérateur afin d’attirer toute la famille dans les salles obscures. Si le film abonde de clichés symboliques, son ultime allégorie, l’utilisation du drapeau américain comme arme, est si indigeste qu’elle le gâche définitivement. On est alors pas loin du patriotisme d’Independence Day où le président américain sauvait le monde.
Ememrich a un sûr sens de l’action et les scènes de bataille sont décrites avec un réalisme certain, en faisant les moments les plus forts du film. Pourtant le niveau de violence, parfois gore, ainsi que les alignements de soldats sur le champ de bataille rappèlent sans aucun doute Braveheart. On remarquera aussi le premier accrochage où Gibson exécute une bonne douzaine de soldats britanniques à la hachette et qui semble tout droit tiré de la scène d’ouvertue du Dernier Des Mohicans de Michael Mann. Un autre dose de réalisme est apportée aux costumes qui sont montrés avec une certaine attention par la caméra d’Emmerich. Si les personnages sont communicatifs, le jeu des acteurs est d’un niveau respectable, ce qui est une gageure pour ce genre de blockbusters. Le personnage principal est quant à lui intéressant, un héros au passé sombre, dans la tradition des anti-héros de Clint Eastwood (voir Unforgiven). Gibson y apporte une dimension humaine plus réalistique que les habituels héros du grand écran. Tcheky Kario importe avec succés le grain de folie et panache français.
Le film est donc une succession de hauts et de bas. Chaque fois que êtes tenté de lui donner une chance, la scène suivante vient anihiler vos espoirs. C’est à cause de toutes ses tentatives de séduction du box office que le film s’échoue. Et cet échec contraste d’autant plus la différence entre ce genre de produit et des productions de qualité Hollywoodiennes comme Braveheart et Gladiator faîtes avec plus de coeur.
The Patriot est un emballage de luxe pour une boite vide.