Avec : Matt Damon, Greg Kinnear, Eva Mendes, Jessica Cauffiel Scénario : Bobby Farrelly, Peter Farrelly Titre Original : Stuck on you Durée : 1:58 Pays : USA Année : 2003 Site Officiel : Deux en un

Les films des frères Farelly se suivent et se ressemblent. A chaque fois il y est question de marginaux, de personnages constamment en décalage par rapport aux normes régissant notre société. Leur nouveau long-métrage ne déroge pas à la règle. Fous d'Irène avait pour personnage principal un homme atteint de dédoublement de personnalité tandis que L'Amour extra-large mettait en scène une femme souffrant d'obésité. Deux en un réunit deux frères siamois, Bob et Walt. Tous deux vivent dans un petit bled dans le Massachusetts et travaillent dans un fast-food. Leur train-train quotidien va soudainement changer quand Walt décide de partir pour Hollywood dans le but de réaliser son rêve : devenir acteur.

Voilà déjà quelques temps maintenant que les frères Farelly ont acquis une certaine notoriété au sein de la production américaine s'adaptant parfaitement au système hollywoodien. Leurs films ont souvent mis en scène quelques stars parmi lesquels on peut trouver Cameron Diaz ou Jim Carrey entre autres. Faut-il pour autant croire que les deux frangins se soient entièrement pliés au système ? Non, Deux en un le prouve bien. Les frères Farelly ont en effet eu la bonne idée, à travers l'incursion des deux frères siamois (serait-ce les frères Farelly eux-même ?) dans le système hollywoodien, d'épingler quelques-uns de leurs congénères. Pêle-mêle on trouve un réalisateur incapable de mettre en scène une série bas de gamme, une actrice sur le déclin qui n'a d'autres préoccupations que son image (excellent exercice d'autodérision de l'actrice-chanteuse Cher), ou encore un agent incompétent dont l'appât du gain semble être le seul but (Seymour Cassel méconnaissable).

Le film montre également que l'handicap des deux frères s'avère être finalement un avantage. Ils sont d'une efficacité redoutable quand il s'agit de préparer des hamburgers en un minimum de temps ou encore quand ils se retrouvent confrontés à une bande de types qui cherchent la bagarre en discothèque. C'est ainsi qu'ils vont faire de leur infirmité, un atout majeur dans la réussite de Walt pour sa carrière d'acteur. En d'autres termes le film nous dit simplement qu'être siamois n'a rien de déplaisant, et ne comporte que des bons côtés. Ce constat pour le moins sommaire et simpliste montre les limites du discours des réalisateurs.

Comme souvent dans les films des frères Farelly l'amour prend une place importante dans l'histoire. Non seulement l'amour entre les deux frères mais également l'amour que chacun peut avoir pour une femme, très problématique dans leur cas. Hélas sur la fin le film se vautre dans le sentimentalisme moralisateur. L'amour devient le sentiment par lequel on s'affranchit de tout stigmates : on se fiche de ce que pense la société du moment que l'on vit heureux. Les intentions sont certes louables mais le résultat final comme à chaque fois chez les Farelly est quelque peu mitigé. Saluons toutefois la performance de Matt Damon et Greg Kinnear pour avoir su endosser le rôle des frères siamois qui n'avait rien de facile à interpréter.

  Julien Dufour