critique de Le Scaphandre et le papillon
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Tiré du roman de Jean-Dominique Bauby, rédacteur en chef du magazine Elle, paralysé à vie, qu'il a dicté en clignant de son dernier oeil valide, le film fait immanquablement penser à Johnny got his gun de Dalton Trumbo, du moins dans sa première partie, en adoptant le point de vue du paralytique. D'ailleurs, on se demande si le film va se construire uniquement depuis la cellule qu'est devenu le corps de Jean-Do (le scaphandre) et si le spectateur ne verra à l'écran le monde qu'à travers l'interstice de cet œil unique. Heureusement, Julian Schnabel ne se lance pas dans le parti pris de la performance et très vite se démarque assez rapidement de son aîné Trumbo en multipliant les points de vue en sus de celui du personnage principal, en revenant à une narration et une mise en scène plus classiques. Et surtout, en retranscrivant à merveille l'humour quelque peu cynique de Jean-Do, évitant ainsi de cantonner le film à une pleurnicherie de plus sur le malheur de l'homme. Sans doute l'une des principales forces du film qui le sauve du pathos écoeurant. Véritable leçon d'humanité et d'amour au sens noble du terme, celui pour son prochain, le film développe l'idée du sacerdoce que constitue le métier du personnel accompagnant le patient et les relations que tous ceux qui l'entourent parviennent à tisser avec lui. Poésie exprimée par l'imagination et la mémoire de Jean-Do, tout ce qu'il lui reste, le film offre des plans magnifiques, bien que parfois à la lisière de la dérive clipesque, et diversifie son propos en utilisant avec parcimonie les flashes-back. Quant à la question de la création artistique qui semble habiter toute l'œuvre du réalisateur, par ailleurs peintre, elle s'efface derrière la présence des comédiens et la mission qu'il assigne à ses personnages : donner et recevoir de l'amour, (ré)apprendre à vivre. |
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