Avec : Jacques Dutronc, Charlotte Rampling, Lou Doillon, Sami Bouajila
Durée : 1:43
Pays : USA
Année : 2002
Basé sur : Roman
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Le temps d'une semaine, chroniques et tranches de vie de 5 couples entre Le Touquet et Paris.
Embrassez qui vous voudrez permet à Michel Blanc de revenir en tant que réalisateur à la comédie après la parenthèse Mauvaise Passe. Blanc choisit ici de reprendre un vaudeville anglais de Connolly pour réaliser son quatrième long métrage derrière la caméra. L'histoire est ici transposée en France et met en scène une galerie impressionnante de personnages d'âges et de classe sociale différente.
C'est tout d'abord la classe du casting mis en scène qui étonne : emmené par une Charlotte Rampling encore plus juste qu'à l'accoutumée et par un Jacques Dutronc parfait en alcoolique blasé, les autres Podalydès, Viard, Courau et autres Elbaz constituent une ribambelle d'acteurs de très haute volée faisant du casting d'Embrassez… le plus impressionnant de cette rentrée cinématographique. Et Blanc se révèle être, en plus d'un grand acteur (il tient un des rôles principaux dans le film), un formidable directeur d'acteur : Toujours dans le bon ton, l'ensemble de la distribution semble prendre un plaisir énorme à être et à jouer ensemble.
Ce sont ensuite les dialogues qui font mouche : des situations cocasses, des quiproquos très classiques mais efficaces, des situations dramatiques tournées en dérision…Tout y passe pour un ensemble très complet mais surtout, et c'est certainement le plus important, très drôle. L'aspect « satire sociale » importe peu et reste très souvent assez naïf : l'ensemble des personnages sont en effet très caricaturaux. La bourgeoise est snob et s'achète des chaussures Prada, le raté est suicidaire, le mari jaloux est dépressif, le charmeur de service est plus que prolifique…On l'aura bien compris : Tout est dans l'exagération pour permettre d'obtenir des situations extrêmes et donc développer une comédie utilisant, à grands coups de comique de situation, les ficelles habituelles du genre.
La réalisation de Blanc est plus que classique : caméra posée, immobile permettant au spectateur d'observer de manière attentive les différents petits sketches proposés. Un style très « théâtre » bien adapté au scénario ne requérant aucune fioriture, aucun effet de style. Le talent de Blanc s'exprime seulement, et c'est largement suffisant, dans l'organisation de ce casting imposant et dans la rythmique parfaite des différentes scènes et des différentes actions imbriquées les unes dans les autres. Un travail précis et clair des plus agréable pour un spectateur qui aurait largement pu se perdre dans cet enchevêtrement d'histoires.
On ne peut donc bien évidemment pas crier au génie. Mais un film simple, qui fonctionne diaboliquement bien et qui constitue un petit îlot de bonheur dans cette rentrée cinématographique morose, surtout dans le domaine de la comédie, secteur dans lequel Michel Blanc s'affirme de plus en plus comme un chef de file et montre qu'il n'y a pas besoin de faire de la comédie « populaire » pour satisfaire le grand public. Car là ou Le Boulet ou Austin Powers dans GoldMember ratissent large avec le scabreux et le vulgaire, Embrassez qui vous voudrez joue la carte de la finesse et ne peut susciter que la sympathie.