Avec : Ingrid Rubio, Alfredo Casero, Daniel Hendler, Emilio Disi Titre Original: Todas las azafatas van al cielo Durée: 1:32 Pays: Argentine Année: 2003 Web: Site Officiel

Les hôtesses de l'air ont toujours exercé une certaine fascination, proche du fantasme, et c'est sur cette prémisse que l'argentin Daniel Burman a bâti son deuxième film, tentant de démystifier le mythe à travers une comédie romantique métaphorique.

Teresa (Ingrid Rubio) est une jeune hôtesse, une femme libre et malheureuse en amour qui, lors d'une escale, fait la rencontre de Julian (Alfredo Casero), un médecin veuf et suicidaire. Après une nuit passée ensemble les deux poursuivent leurs chemins, épars, jusqu'à ce que le destin les repousse l'un vers l'autre.

Fable australe tournée au bout du monde, Toutes les hôtesses de l'air vont au paradis baigne dans cet ambiance étrange de désolation et de beauté. Le film embrasse Ushuaïa, ses cimes enneigées et ses rives glacées, mais aussi ses habitants, êtres quasi-fantomatiques et hagards. Le réalisateur multiplie les allégories, faisant de l'hôtesse une sorte d'ange sans attaches dont les ailes seraient celles d'un avion tandis que l'hôpital nous est montré comme un couloir vers une autre vie. Les images défilent lentement, posées et silencieuses, supportées par une bande son atmosphérique, faisant de Toutes les hôtesses de l'air vont au paradis une œuvre intimiste visuellement envoûtante.

Si le talent cinématographique du réalisateur ne fait aucun doute, son film s'embourbe cependant dans cette neige qu'il affectionne tant, alourdi par une imagerie prétentieuse et une narrative inconséquente.

Toutes les hôtesses de l'air est un de ces films où les personnages s'en vont « méditer » en altitude, sur les sommets avoisinants, ou en mer, se reflétant dans l'immensité de l'océan. Le rythme est langoureux tentant de vous envelopper dans la beauté et la « profondeur » du moment, procédé aguicheur et fabriqué qui ici résulte en une collection de cartes postales — ou clichés ; à cette exploitation emphatique des décors, on préférera l'approche plus discrète et subtile d'Insomnia de Christopher Nolan. L'histoire des deux protagonistes coïncide aussi avec la construction — symbolique — d'un avion, tandis que l'isolation australe se fait l'écho de celle plus aride du désert d'Arizona et bien évidemment du film d'Emir Kusturica, Arizona Dream, dans lequel Burman a puisé une partie de son inspiration. Plus gênant, sa vision poétique de l'hôtesse de l'air est remise en cause par cette scène de strip-tease dans une boite qui place le film dans le contexte suranné du fantasme et nous fait questionner ses motivations.

Une fois la première partie passée, le film tente vainement de nous faire croire à ce jeu du chat et de la souris improbable où les deux amants se suivent à distance dans la ville pour seulement s'approcher sur les pans enneigés d'une montagne, pour un meilleur effet de mise en scène. Si Ingrid Rubio et son personnage ont le charme nécessaire pour nous mener au bout du monde, il n'en est pas de même pour Julian, être pathétique, ennuyeux et sans dimension dénué du charisme qui lui permettrait de séduire Teresa dans la réalité. Dans une scène, Julian explique que pour séduire les femmes, il leur raconte sa vie difficile et triste, tentant de les apitoyer et c'est exactement ce que fait Burman, espérant nous émouvoir avec une histoire d'amours malheureux.

  Fred Thom