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Femme Fatale













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Femme Fatale
Réalisé par Brian De Palma

Avec : Antonio Banderas, Rebecca Romijn-Stamos, Sandrine Bonnaire, Peter Coyote
Durée : 1:55
Pays : USA
Année : 2002
Web : Site Officiel
Avec Femme Fatale, Brian de Palma propose un exercice de style amusé, un feu d'artifices aux couleurs criardes qui embrasse avec voracité tous les clichés du cinéma de genre et officie comme un film hommage baroque et parodique.

Rebecca Romijn-Stamos incarne cette femme fatale, Laura Ash, beauté manipulatrice et dangereuse qui navigue dans des eaux troubles dans lesquelles un paparazzi (Antonio Banderas) vient s'embourber.

Sorte de film fourre-tout, Femme Fatale mélange les genres — film noir, Hitchcock, érotisme et art-et-essai, comme les thèmes — les notions de déjà-vu, de croisement des destins, de double, de voyeurisme et de clichés. Le long-métrage s'affiche clairement en rupture visuelle avec ses prédécesseurs, l'esthétique étant ici reléguée au second plan pour mieux se concentrer sur les « trucs » scénaristiques. On retrouve toutefois son goût pour les ouvertures méticuleuses durant le vol de diamants au festival de Cannes, le tout joué sur une partition précise et intense comme la bande son inspirée par le "Boléro" de Ravel le souligne.

Femme Fatale s'établit comme un tournant dans la carrière du cinéaste. C'est d'abord un nouveau départ, la transition entre les Etats-Unis et la France, nouvelle terre d'adoption du réalisateur, étant présente à l'écran sous diverses formes. Au delà de l'action se déroulant à Paris, on relève la présence de l'ambassadeur américain à Paris — une référence à son statut de « réalisateur américain » installé dans la capitale française — ainsi que la projection, au début, du film de Régis Wargnier, [Est]Ouest, qui envahit notre écran avec son titre révélateur. Femme Fatale a aussi une fonction récapitulative, par la présence de thèmes récurrents dans l'oeuvre de De Palma. Le voyeurisme est ici omniprésent, des écrans de contrôle qui rappellent Snake Eyes au paparazzi armé de son appareil photo qui renvoie Body Double et à Blow Out. Le réalisateur s'amuse aussi avec le thème du double qu'il abordait déjà dans Body Double et L'Esprit de Caïn et du croisement des destins ; un leit-motiv que l'on retrouve aussi dans l'oeuvre de Krzysztof Kieslowski, Véronique s'appelant ici Laura Ash.

De Palma n'a d'autres buts que de s'amuser avec cette Femme Fatale et son film s'adresse à un public cinéphile averti et à ses pairs. Le tournage au festival de Cannes et la présence de vraies personnalités comme Régis Wargnier et Sandrine Bonnaire montre bien l'implication auto-reflexive de son projet. Une grande partie du public et des critiques du dimanche se laissera ainsi berner par le second degré du film. De Palma rend un hommage empreint d'auto-dérision aux films de genre. Pour ce faire, il embrasse leurs traits et leurs défauts à l'excès — du médaillon aux affiches « déjà-vues », faisant preuve de son amour honteux mais assumé pour ces films. Il utilise de grosses ficelles, des trucs volontairement grotesques et proclame son plaisir honteux.

Certains décrieront aussi la surenchère dans l'érotisme, aux portes de la vulgarité. On peut pourtant voir dans les déhanchements provoquants de cette femme manipulatrice l 'incarnation du cinéma de genre qui utilise des trucs faciles — ou vulgaires — pour attiser l'intérêt du public. La scène dans le bar louche renvoie évidemment à la vulgarité des films érotiques tandis que les retournements de situation appuyés par une bande son pompeuse traduit les procédés ou artifices scénaristiques qui nous aguichent dans les thrillers depuis Hitchcock.

Si Femme Fatale apparaît comme un film superficiel aux dialogues simplistes, aux personnages caricaturaux et à la distribution inégale, c'est justement que le film s'assimile à ce dont il se moque, s'affichant comme un soap opera erotico-hitchcockien qui flirte avec la presse « people ». Le procédé est osé mais dangereux, puisque De Palma prend le risque, à l'instar de Paul Verhoven dans Starship Troopers et Showgirls, d'être accusé de perpétrer ce dont il fait la satire.

A l'image du paparazzi auquel il s'identifie, le cinéaste se régale en nous fournissant une série de clichés collés les uns aux autres pour former une fresque fabriquée, une reproduction métaphorique du cinéma issue d'une vision morcelée qui s'inspire des fameux photo-collages du photographe David Hockney (voir le dernier plan du film).

  Fred Thom


     Le Dahlia Noir




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